Ils pèsent leur poids, ces petits pavés de ciment et de laiton. Dix centimètres sur dix, et quelques mots. Un nom, une date de naissance, celle de leur arrestation et la date supposée de leur assassinat à Auschwitz. C’est tout, mais tout est dit. On les appelle des Stolpersteine : littéralement « des pierres sur lesquelles on trébuche », imaginées par l’artiste allemand Gunter Demnig à qui l’on doit l’idée de ce mémorial à ciel ouvert.
Président de l’association Lille-Fives 1942, Dominique Leser en fait poser deux ce 12 mai dans la cité nordiste, devant la maison à façade blanche où vivaient Micheline Teichler – 11 ans quand elle a été déportée – et son père, Bernard. Trois autres seront installés dans l’espace public lillois ce matin-là.
C’est la première fois que la ville s’associe à cette démarche mémorielle lancée en 1992. A chaque fois, la cérémonie est ritualisée. Les services municipaux ont préalablement creusé les trous dans les trottoirs. Ne reste plus qu’à rappeler le nom de ceux qui vivaient là, comment ils ont disparu dans la nuit de leur déportation, et à glisser les Solpersteine devant leur dernier domicile, où ils seront ensuite scellés dans le trottoir.
« Avec le temps, ils brillent de plus en plus »
« Le regard des passants ne pourra que trébucher sur ces Stolpersteine », confie Dominique Leser, pour qui le « fait que l’on marche dessus n’a rien d’irrespectueux ». « Avec le temps, ils brillent de plus en plus », ajoute-t-il, avant de raconter aux lycéens associés à cette cérémonie l’histoire des Teichler.
En juillet 1942, quelques jours après la rafle du Vél’d’Hiv, à Paris, Micheline et son père ont été trahis par un camelot rencontré au marché. Ce dernier parlait un peu le yiddish, de quoi mettre en confiance Bernard Teichler. Au lieu de les emmener franchir la ligne de démarcation, l’homme les a remis directement aux autorités allemandes, on ne sait pour quelle somme, comme il le fera pour environ 200 personnes.
« Poser des Stolpersteine, c’est raconter ces vies, mais aussi se souvenir qu’il y a eu des Justes, des gens qui n’ont pas baissé les yeux et ont osé secourir », insiste, de son côté, l’élu lillois Franck Anoh devant l’ancien magasin de tissus de Maurice Swierc, son grand-oncle, qui vivait avec son épouse, Rachel, à l’étage. Ils sont tous les deux morts à Auschwitz.
Installé illégalement à Cologne en 1992
La maire de Lille, Martine Aubry, avoue avoir « un peu réfléchi » avant de donner son accord, un an et demi après avoir été sollicitée par Lille-Fives 1942. L’association entretient une autre mémoire, celle du 11 septembre 1942, jour de la grande rafle des juifs du Nord-Pas-de-Calais. Des cheminots de la gare de triage et des riverains, sans s’être concertés au début, ont organisé le sauvetage d’une cinquantaine de personnes en partance pour le camp de Malines, en Belgique, dernier arrêt avant Auschwitz-Birkenau. Parmi elles, 26 enfants.
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