Au Maroc, la justice maintient en prison les journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni

Au Maroc, la justice maintient en prison les journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni
Au Maroc, la justice maintient en prison les journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni

Le journaliste marocain Omar Radi au tribunal de Casablanca, en mars 2020. Le journaliste marocain Omar Radi au tribunal de Casablanca, en mars 2020.

La Cour de cassation du Maroc a rejeté le pourvoi de deux journalistes emprisonnés, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, confirmant leurs condamnations en appel pour des accusations d’agressions sexuelles dont ils se disent innocents. La plus haute instance judiciaire du royaume « a rejeté [mardi 18 juillet] notre recours et confirmé les peines d’emprisonnement à l’encontre d’Omar et Soulaimane », a déclaré mercredi à l’AFP Miloud Kandil, leur avocat. L’arrêt de la Cour de cassation ne sera pas publié avant plusieurs jours.

Omar Radi, 37 ans, et Soulaimane Raissouni, 51 ans, ont été condamnés en appel respectivement à six et cinq ans de prison ferme en 2022 dans des affaires d’agressions sexuelles, des charges qu’ils réfutent. Ils sont derrière les barreaux depuis 2021.

« Nous nous attendions à cette décision malgré les innombrables irrégularités qui ont entaché la procédure, a réagi auprès de l’AFP Driss Radi, le père d’Omar Radi. Nous savons que la justice n’est pas indépendante dans cette affaire, mais nous espérons une grâce royale pour clore ce dossier qui a tellement nui à l’image de notre pays. » Au Maroc, la grâce peut être accordée par le souverain ou par le Parlement.

La semaine dernière, les avocats des détenus et les défenseurs des droits humains au Maroc avaient exhorté les autorités à trouver une « issue judiciaire, politique et légale » afin que les deux journalistes puissent recouvrer la liberté. Les avocats avaient alerté sur leur état de santé et leurs conditions de détention, « qui ne respectent pas les droits élémentaires », selon eux.

« Le signal envoyé est désastreux », a réagi Khaled Drareni, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord. RSF appelle les autorités marocaines « à mettre un terme à ce calvaire judiciaire inhumain et à libérer » les deux journalistes, a-t-il ajouté. Dans un communiqué, le Comité pour la protection de journalistes (CPJ), basé à New York, a exprimé sa « profonde déception ». « Le Maroc a perdu une occasion d’inverser la tendance sur ses mesures de représailles contre des journalistes indépendants, dont les voix sont si désespérément nécessaires au pays », a regretté Sherif Mansour, coordinateur du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Grève de la faim

Mais pour les autorités marocaines, Omar Radi et Soulaimane Raissouni ont été jugés pour des crimes de droit commun qui « n’ont rien à voir » avec leur profession ni le respect de la liberté d’expression. Interrogée par l’AFP, l’avocate féministe Aïcha Guella, présidente de l’Association pour les droits des victimes (AMVD), s’est félicitée du jugement, déplorant que « MM. Radi et Raissouni et leurs soutiens essaient de politiser ces affaires alors que les faits ont été établis devant la justice ». Mme Guella a reproché aux ONG étrangères d’« instrumentaliser les deux cas à des fins purement politiques ».

M. Raissouni, un éditorialiste critique des autorités, a été poursuivi pour « agression sexuelle » par un jeune militant LGBT, charge qu’il a toujours rejetée devant le tribunal, estimant être poursuivi « à cause de ses opinions ». Arrêté en mai 2020, il n’a pas assisté à la plus grande partie de son procès en première instance, entre février et juillet 2021, en raison d’une grève de la faim de 122 jours.

M. Radi, reporter indépendant et militant des droits humains, a quant à lui été arrêté en juillet 2020. Il a été poursuivi pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » avec « financement de l’étranger » et pour « viol », deux affaires distinctes jugées conjointement. Accusé de viol par une ex-collègue, le journaliste a parlé de « relations librement consenties ». Le journaliste Imad Stitou, qui avait corroboré la version de M. Radi et dit être dans la même pièce au moment des faits, a été condamné à un an de prison, dont six mois ferme, pour « non-assistance à personne en danger ». Le jugement a confirmé la peine de M. Stitou, qui a quitté le Maroc.

Dans un rapport publié en juillet 2022, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé au Maroc l’utilisation de procès pour des crimes de droit commun, en particulier sexuels, comme « techniques de répression » visant à faire taire des journalistes et des opposants. Face à ces critiques, les autorités insistent sur « l’indépendance de la justice » et « les droits des victimes ».

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En janvier, le Parlement européen s’est inquiété de la dégradation de la liberté de la presse au Maroc, évoquant notamment l’incarcération d’Omar Radi, dans une résolution adoptée à une large majorité et qui avait déclenché les foudres de la classe politique et des médias marocains.

Le Monde avec AFP

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