A Arles, un long ruban photographique de 15 mètres serpente dans une des salles du site Croisière, pendu depuis le plafond, enveloppant le visiteur dans une grande vague lumineuse et végétale, aux couleurs tantôt terreuses, tantôt marines. On y croise, au milieu de motifs abstraits, des ombres de feuilles qui bougent et se superposent, des troncs d’arbre qui s’élèvent vers le ciel, la silhouette délicate d’un insecte. Cette installation vibrante et hypnotique n’est pas une photographie, mais un photogramme, une image négative sans appareil, créée par l’artiste Roberto Huarcaya, 64 ans, figure de la photographie péruvienne, qui a ici réuni plusieurs séries en une seule installation. Dans la réserve de Bahuaja Sonene, en Amazonie, il a accroché de longs morceaux de papier photosensible sur des piquets de bambou, au milieu de la jungle, au cœur de la nuit, les abandonnant après quelques coups de flash à la lumière de la lune, pour ensuite les développer sur place avec l’eau du fleuve – « J’ai remporté tous les bains chimiques à Lima, pour les traiter, afin de ne rien polluer », précise-t-il.
Le projet a été éprouvant et compliqué à mettre en œuvre, mais ce n’est pas tant l’exploit que représente une telle entreprise qui l’intéresse, que l’exposition brutale aux éléments, au temps et au hasard. Dans cette œuvre, c’est la nature, qui imprime sa marque à même le papier, la lune, qui fait apparaître l’image au gré de son humeur. Le vent, la pluie, les nuages, le mouvement des plantes ou des animaux se sont inscrits dans l’image finale, sans intermédiaire, et sans que l’artiste puisse les contrôler – un abandon total qu’il a embrassé, après des mois de tâtonnement. « J’ai cherché pendant deux ans, en essayant différentes techniques, avec un appareil panoramique, de la photo argentique, numérique… rien ne marchait. »
Cette façon d’aborder son sujet a été aussi, pour lui, un moyen de rompre avec l’idée de l’artiste tout-puissant, et cette « dictature de la vision, héritée de la Renaissance, où l’homme est le centre et la mesure de toute chose ». Il a mis de côté l’approche analytique au profit de l’intuition, de la sensation, de l’expérience et d’une relation plus sensible, organique, aux éléments – soit celle que vivent les communautés amérindiennes avec lesquelles il a travaillé en Amazonie. « C’est un rapport non pas utilitaire à la nature, mais une relation horizontale, où l’homme fait partie des choses, ne les domine pas », affirme-t-il. Pour ses projets, le photographe commence par monter des ateliers photo avec des communautés autochtones. « Et si le courant passe, j’essaie d’imaginer un projet dans lequel on peut travailler ensemble. »
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