«Collet monté», «faire partie du gotha»… Connaissez-vous la genèse de ces expressions? Le Figaro vous propose de les (re)découvrir.
Le français est une machine à remonter le temps. En recherchant l’origine des belles expressions qui composent notre langue, nous redécouvrons, parfois, certains us et coutumes du passé, inconnus ou oubliés de notre mémoire. Comme le raconte Georges Planelles, dans Les 1001 expressions préférées des Français (Opportun), l’expression «avoir voix au chapitre» était liée à l’assemblée que formaient les moines d’une abbaye ou les chanoines d’une cathédrale pour traiter leurs affaires. Le «chapitre» désignait, par métonymie, le lieu où ce beau monde se rassemblait. Le Figaro vous propose un florilège de ces expressions, aux origines étonnantes.
À découvrir
Être collet monté
On l’utilise pour désigner quelqu’un de «prude, guindé, affecté», comme le relève le Larousse. Une personne «collet monté» est rigide sur les manières et principes. Mais pourquoi «collet monté»? L’histoire de cette expression remonte au XVIe siècle. Autrefois, le «collet» désignait la partie du vêtement qui entoure le cou. Le mot, qui apparaît dès le XIIe siècle, est un diminutif de «col», une variante franco-provençale de «cou», d’après ce qu’on peut lire sur le Trésor de la langue française. C’est à la cour de Catherine de Médicis qu’on voit apparaître la mode du «collet monté» qui consiste à porter une pièce de tissu enroulé autour du cou et rigidifié vers le haut (d’où le terme «monté») avec du carton, du fil de fer et d’empois. «La raideur de l’objet et l’apparence guindée de celles qui le portraient ont suffi à faire de l’objet un qualificatif appliqué aux personnes ayant un comportement rigide», raconte Georges Planelles.
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Épater la galerie
On a tendance à faire le lien avec la fameuse Galerie des Glaces, pièce emblématique du château de Versailles, créée à l’époque du Roi-Soleil. Cette salle était alors destinée à éblouir les visiteurs et à illustrer l’aura du pouvoir de Louis XIV. Si l’expression est attestée dès le XVIIe siècle, elle n’a aucun lien avec Versailles mais plutôt avec le jeu de paume (ancêtre du tennis), dont plusieurs expressions en découlent comme «rester sur le carreau», «tomber à pic», «bisque, bisque, rage!». Elles témoignent de la grande popularité de cette activité sportive, pratiquée du XIVe au XVIIIe siècle. Le jeu se tenait dans une salle rectangulaire, dont un des grands côtés et les deux petits étaient composés de galeries d’où se tenaient les spectateurs qui pouvaient contempler le spectacle. «Par métonymie, le terme a ensuite désigné les spectacteurs eux-mêmes», précise Georges Planelles, qu’on peut «épater» en réussissant un beau coup.
Sans crier gare
«Elle a surgi sans crier gare!», c’est-à-dire inopinément, à l’improviste, sans avertir. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’expression n’a rien à voir avec la station où circulent les voyageurs et les trains. En réalité, le mot «gare» est issu d’une interjection, attestée dès le XIIe siècle sous la forme «guar»pour dire «prends garde!» afin d’intimer l’ordre à quelqu’un de se mettre à l’abri d’une éventualité fâcheuse ou de se mettre sur le côté. Au début du XVIe siècle apparaît l’expression «sans dire gare» signifiant «sans prévenir, à l’improviste». L’expression a ensuite évolué pour prendre la forme actuelle qu’on connaît dès le début du XIXe siècle.
Faire partie du gotha
On voit souvent apparaître «le gotha» sur les photos des journaux dits «people». Les membres du gotha font partie de la haute société, de l’élite. Mais au départ, le «gotha» désignait surtout l’«almanach publié chaque année depuis le XVIIIe siècle (jusqu’en 1944) et contenant le relevé des noms des membres des familles de l’aristocratie», lit-on sur le Trésor de la langue française. Cet almanach avait été créé en 1764 à l’initiative de Guillaume de Rothberg, pour rassembler des informations sur la généalogie de la maison de Saxe et des empereurs d’Allemagne. Or, la maison de Saxe avait justement sa cour à Gotha, une ville d’Allemagne en Thuringe. À la fin du XIXe siècle, l’almanach comportait tous les noms de l’aristocratie d’Europe sur un millier de pages, devenant ainsi le «bottin modain» de la noblesse européenne.
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Entrer en lice
Être en lice signifie «s’engager dans une compétition» ou «intervenir dans un débat», selon Georges Planelles. Le mot «lice» remonte au XIIe siècle, issu des termes «listia» ou «listja», pour dire «barrière» ou «palissade». Au départ, les «lices» étaient les barrières délimitant les champs clos destinés aux joutes, tournois ou exercices équestres… Des pratiques très populaires au Moyen Âge. Puis, par métonymie, la «lice» a fini par indiquer l’espace fermé où se déroulaient les tournois. Lorsque le chevalier s’avançait pour prendre part à un combat, on disait donc qu’il «entrait en lice», c’est-à-dire qu’il était prêt à «combattre». Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que l’expression a pris le sens figuré qu’on connaît aujourd’hui: on dit qu’une personne «est en lice» quand elle s’engage dans une compétition ou qu’elle intervient dans un débat.
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