Cryptomonnaies : au tribunal de Paris, une escroquerie à 925 Ethereum dans le Far West des actifs numériques

Cryptomonnaies : au tribunal de Paris, une escroquerie à 925 Ethereum dans le Far West des actifs numériques
Cryptomonnaies : au tribunal de Paris, une escroquerie à 925 Ethereum dans le Far West des actifs numériques

« On va parler un franglais affreux à cette audience », a prévenu d’emblée le président Guillaume Daïeff. Pendant six heures, mercredi 24 mai, devant la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris, il a été question de « smart contract » sur la « blockchain », de « staking » et de « degenerate ape », de « buy back » et de « pool de farm » ou encore de « wallets type MetaMask », « et non pas “mets ton masque” », a blagué le président.

La greffière a parfois eu quelques difficultés dans sa prise de notes, il fallait sortir d’une école d’ingénieur pour comprendre l’affaire en détail, mais les grandes lignes sont simples : « Dans ce monde passionnant de la finance décentralisée, il y a un plaignant et un procureur qui estiment que vous avez commis une escroquerie », a dit M. Daïeff à Slimane A., Pierre H. et Gabriel G., les trois jeunes gens aux chemises bien repassées face à lui.

En septembre 2021, ces petits génies de l’informatique pas encore âgés de 30 ans avaient créé sur Internet un programme permettant d’investir dans des actifs numériques – pardon, des token – voués à prendre rapidement de la valeur. Depuis Singapour, un trader en cryptomonnaies croyant flairer un bon coup avait placé 925 Ethereum – une cryptomonnaie –, soit environ 2,5 millions d’euros, sur le contrat – pardon, le smart contract – proposé par le trio. Lorsqu’il avait voulu, pour une raison restée obscure, retirer sa mise vingt-sept secondes plus tard, il s’était vu appliquer des frais de retrait de 100 %.

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Ce taux avait été fixé à 2 % au lancement du programme, mais une ligne de code malicieusement glissée dans le protocole avait permis aux prévenus de le faire passer à 100 % une demi-heure plus tard, une hausse « noyée dans la masse des opérations, et donc quasi invisible pour les investisseurs », selon les enquêteurs. Le trader singapourien n’avait donc rien récupéré de ses 925 Ethereum, automatiquement envoyés vers le portefeuille numérique – pardon, le wallet – des créateurs du smart contract.

« Les rois du pétrole ! »

A la barre, Slimane A., tête pensante du trio, a plaidé l’accident et tenté de convaincre que c’est dans le cadre d’une phase de « test », alors que le programme nécessitait encore quelques ajustements, qu’il avait augmenté les frais de retrait à 100 % – personne n’a compris l’intérêt de la manœuvre. « Je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un investisse 3 millions de dollars à ce moment-là et les retire immédiatement ! », a-t-il expliqué, admettant que lui et ses camarades « [auraient] pu être plus précautionneux ».

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