A sa mère, venue lui souhaiter de faire de beaux rêves, Daphné Patakia avait confessé avant de dire bonne nuit : « J’ai envie d’être actrice. » Elle avait 8 ans et sa mère, fonctionnaire à la Commission européenne, l’avait regardée, croit-elle se souvenir, « avec un air un peu effrayé ». Mais comment résister au théâtre, avec ses textes qui vous élèvent et son trac grisant ? Daphné Patakia jouait déjà, le dimanche, aux côtés de ses parents et de sa sœur, des pièces en grec d’Aristophane ou de Iákovos Kambanéllis, devant des amis de la famille.
Lors de cette enfance à Woluwe-Saint-Pierre, près de Bruxelles, où tout, paradoxalement, fut grec (la langue, l’école, les copains, la télévision, les cours de danse…), elle passera des heures à écouter des captations sonores de Madame Marguerite, de Roberto Athayde, ou de La Voix humaine, de Jean Cocteau, interprétées par la grande comédienne nationale Elli Lambéti, respectivement en 1975 et en 1978. « J’apprenais par cœur et j’imitais son intonation. »
Deux décennies plus tard, Daphné Patakia, 31 ans, fait partie de ces jeunes actrices appréciées de cinéastes auteurs, un pied à Paris, l’autre à Athènes, où elle tourne cet été devant la caméra de Vasilis Kekatos, nouvel espoir grec récompensé d’une Palme d’or du court-métrage en 2019 à Cannes (La Distance entre le ciel et nous). Son CV aligne des films signés Jean-Paul Civeyrac (Une femme de notre temps, Mes provinciales), Yórgos Lánthimos (The Lobster, La Favorite) ou Léa Mysius (Les Cinq Diables, Ava).
Un jeu européen
En 2021, sa mise en lumière dans Benedetta, de Paul Verhoeven, en nonne tentatrice face à une Virginie Efira sardonique a achevé de l’inscrire parmi les comédiennes « exportables », comme disent sans tact les producteurs. Celles dont le terrain de jeu est l’Europe plus qu’un seul pays.
Le 26 juillet, Daphné Patakia déboulera en salle, réjouissante, dans l’amère comédie Sur la branche, de Marie Garel-Weiss. La voici en Mimi, drôle de fille à la coupe de cheveux à la garçonne, qui a « un problème psy » et veut sauver un malfrat dont elle tombe amoureuse (Raphaël Quenard), avec l’aide d’un avocat neurasthénique (Benoît Poelvoorde). Bavard et à la merci d’envies sexuelles pressantes dans ses moments d’euphorie, son personnage est à la peine dans ses périodes creuses, accablé de sommeil et avec la sensation de « tricoter des pulls avec des pâtes », comme le dit Mimi dans une réplique.
« Sa bipolarité n’est jamais nommée dans le film ni jamais stigmatisée. J’ai pris soin de ne pas en faire un fardeau, explique l’actrice. En préparation, j’avais vu un documentaire de l’écrivain et réalisateur britannique Stephen Fry. A un moment, il demande à des gens atteints de ce trouble de l’humeur [qui fait alterner épisodes maniaques et dépressifs] s’ils voudraient s’en débarrasser s’il existait un bouton magique pour le faire. Tous répondent non, tant la période haute vous fait côtoyer les anges et vaut la peine de vivre la descente. »
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