L’Allemagne, frappée par une pénurie de main-d’œuvre pour de nombreux postes qualifiés, cherche à attirer les étudiants étrangers. Mais seuls 10 % d’entre eux peuvent suivre un cursus en anglais. Ils doivent donc impérativement maîtriser la langue de Goethe, même s’ils ont déjà dû attester d’un certain niveau pour être admis. La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est penchée sur les difficultés qu’ils rencontrent.
Ani Nersesyan est arménienne et étudie à l’université Louis-et-Maximilien de Munich (LMU). Malgré son niveau déjà très correct en allemand, elle a éprouvé des difficultés avec le langage universitaire et déplore ce qu’elle qualifie de “mentalité ‘marche ou crève’” :
“Au début, j’avais du mal à comprendre les formes diminutives ou les différents articles, par exemple.”
Aujourd’hui diplômée, elle a pu bénéficier d’une aide pour les non-natifs proposée par son université, mais ses professeurs déplorent encore son niveau de langue “pas assez scientifique”.
Vesnja Bjegač enseigne l’allemand comme langue étrangère à la LMU depuis dix ans. Elle aussi déplore la complexité souvent inutile du langage scientifique. “Beaucoup de phrases imbriquées, beaucoup de mots de remplissage, beaucoup de constructions passives, beaucoup de subjonctifs”, résume-t-elle. Pourquoi ? Par habitude, sans doute, et également pour signaler une forme d’appartenance à un milieu.
Ani Nersesyan a aussi rencontré des difficultés avec l’“allemand officiel” de la bureaucratie et avec le bavarois qui était, pour elle, “comme une autre langue étrangère”.
Le quotidien allemand note que les étudiants étrangers qui parlent allemand avec un accent peuvent également être stigmatisés pour cela. Pour Vesnja Bjegač, il faut vraiment “considérer le multilinguisme et les expériences de migration comme un enrichissement. Et apporter un soutien particulier aux étudiants présentant ces caractéristiques. Autrement, nous perdrons de nombreuses personnes particulièrement adaptées à l’école et à l’enseignement.” Elle plaide également pour une simplification de l’allemand universitaire. Ani Nersesyan est d’accord et souligne avec malice que “même les locuteurs dont la langue maternelle est l’allemand ne comprennent pas toujours tout d’emblée”.
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