Dès le début des années 2000, Hervé Eloin a fondé plusieurs entreprises pour assouvir ses deux passions, l’informatique et l’automobile. Il a ainsi créé le groupe Arrows, spécialisé dans la fourniture de solutions logicielles, parallèlement à des sociétés de location de véhicules de luxe. Rien d’étonnant, alors, à ce que ce passionné de belles mécaniques soit un des premiers à acquérir une Tesla en France, lorsque la marque a fait son apparition sur le marché.
« J’ai tout de suite été séduit par l’aspect connecté, raconte l’entrepreneur, puis je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec toutes les données collectées par le véhicule. » Hervé Eloin lance ainsi en 2019, en partenariat avec Tesla, l’application T4U destinée à exploiter toutes ces informations pour fournir divers conseils et services aux conducteurs de véhicules électriques : planificateur d’itinéraire et de recharge, anticipation de l’entretien, surveillance du véhicule… Elle compte aujourd’hui environ 60.000 utilisateurs. « Mais je me suis rendu compte que l’une des questions qui revenait le plus souvent était l’état de la batterie », poursuit Hervé Eloin.
Une donnée en effet cruciale, à l’heure de la massification du marché de la voiture électrique en France. La croissance exponentielle de ce parc automobile spécifique, qui comptait 650.000 véhicules fin 2022, entraîne fort logiquement à sa suite celle du marché de l’occasion des voitures à batterie. Bien qu’encore embryonnaire, il est en hausse de 28,8 % depuis 2021 selon les données de NGC-Data. Mais, si après des décennies d’usage, les consommateurs estiment à tort ou à raison disposer de suffisamment de connaissances sur les véhicules thermiques pour se permettre d’en acheter un de seconde main, la voiture électrique reste, pour le moment et pour une large partie de la population, terra incognita. La méfiance règne. Comment s’assurer en effet que l’élément central, la batterie, soit en bonne santé afin de ne pas avoir à débourser les 1.000 à 20.000 euros pour la réparer ou la changer ? C’est pour créer ce climat de confiance et favoriser la mobilité électrique à moindre coût qu’Hervé Eloin lance, en 2021, l’application MyBatteryHealth.
Un rapport complet pour 25 euros
Jusqu’à présent, connaître l’état de sa batterie nécessitait à la fois du temps et de l’argent. « Soit il fallait apporter la voiture chez un concessionnaire, et cela pouvait coûter jusqu’à 100 euros, soit il fallait acheter un dispositif à brancher sur la prise OBD du véhicule, plus ou moins accessible selon les modèles, et connaître les résultats sur une application. Cela coûte entre 40 et 50 euros », résume l’entrepreneur. Avec MyBatteryHealth, nul besoin de manipulation, le résultat peut-être connu en moins d’une minute simplement grâce à son smartphone.
Pour cela, il suffit de rentrer dans l’application le numéro de série (VIN) de la voiture afin d’obtenir quasi-immédiatement un diagnostic de la santé de sa batterie, présenté à la manière d’un Nutri-score avec plusieurs lettres s’échelonnant du vert au rouge. Seule condition préalable, la batterie doit être chargée à au moins 50 %, et l’utilisateur peut effectuer ce test gratuit aussi souvent qu’il le veut afin de détecter les éventuelles anomalies.
En revanche, lorsqu’il veut vendre son véhicule, il peut débourser 25 euros pour récupérer le rapport complet affichant l’identifiant du véhicule, l’état et la capacité de la batterie, son autonomie calculée selon la norme mondiale WLTP, ainsi qu’un graphique permettant de situer l’état de la batterie comparativement à celles des mêmes modèles aux mêmes kilométrages – soit davantage que les autres tests, pourtant plus chers, qui se contentent de donner l’état de santé du composant. Mieux, l’application peut même estimer la durée de vie restante de la batterie, en nombre de kilomètres. « Il suffit pour cela que le propriétaire du véhicule ait fait au moins trois tests, indique Hervé Eloin, mais nous conseillons de faire un test par mois afin d’avoir le résultat le plus fiable possible. » Autant d’éléments pouvant rassurer l’éventuel acheteur.
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Les données des constructeurs au moulin de l’algorithme
Pour parvenir à effectuer un test fiable sans contrôle technique, les équipes de MyBatteryHealth ont entrepris de récupérer auprès des constructeurs le gigantesque amas de données collectées lors des tests ou par les véhicules eux-mêmes. Dans plusieurs cas, ils ont signé des partenariats directs avec plusieurs marques, dont Tesla, Stellantis et BMW, et ont récupéré les autres auprès d’entreprises tierces. Résultat, « notre application peut s’adresser à 80 % du marché mondial des véhicules électriques », affirme Hervé Eloin.
La société a ainsi accès aux données issues des dizaines de milliers de tests effectués par les constructeurs automobiles sur le véhicule et le pack batterie embarqué. Avec l’autorisation de l’utilisateur, elle va également récupérer certaines données enregistrées automatiquement. « Nous prenons seulement le nombre de kilomètres faits par la voiture et le nombre de charges effectuées, déclare Hervé Eloin. Nous hésitons aussi à utiliser la data indiquant le lieu d’usage du véhicule, car on sait que les batteries ne s’usent pas pareillement selon les conditions climatiques. »
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L’intelligence artificielle va comparer les données de chaque batterie à celles d’une batterie neuve, et ainsi pouvoir détecter les anomalies. La société assure que les résultats de son examen sont fiables à 98 %. Cependant, aucune certification de la validité des tests effectués sur les batteries n’existait jusqu’à l’initiative très récente lancée par l’association européenne de promotion du marché des véhicules d’occasion, CARA. Son label CARA Approved Battery Health Check sera ainsi décerné aux tests sérieux, et MyBatteryHealth fait savoir qu’elle a envoyé ces derniers jours un dossier pour se voir récompensé du précieux sésame.
Un outil pour les gestionnaires de flotte
L’application est aujourd’hui surtout déployée aux Etats-Unis, où le marché de la voiture électrique est plus vaste, et un peu en France. Mais si elle a été téléchargée plus de 30.000 fois, l’essentiel de son activité repose sur sa version professionnelle à destination des gestionnaires de flotte. « Elle est disponible sous forme d’abonnement, à un prix variable selon la taille du parc », fait savoir son fondateur.
Cette plateforme permet, entre autres, de centraliser tous les tests effectués sur les véhicules de la flotte de la société et de les classer par mois, de créer des statistiques de suivi sur l’état de santé des batteries et de comparer les résultats avec ceux d’autres modèles au même kilométrage, permettant aux gestionnaires de choisir des voitures électriques mieux adaptées à leurs besoins. Aux Etats-Unis, MyBatteryHealth compte parmi ses clients le géant Copart, une plateforme de vente aux enchères de voiture, ainsi que la société de réparation à domicile Wrench.
L’entreprise de onze salariés, qui a effectué une levée de fonds de 480.000 euros auprès de Bpifrance, souhaite également muscler son implantation en France. Elle fait savoir qu’elle teste actuellement sa solution chez un gestionnaire de flotte tricolore, s’occupant de plus de 6.000 véhicules. « Le marché est encore petit, mais il arrive peu à peu à maturation, estime Hervé Eloin. Nous commençons à voir de gros concurrents se positionner sur le même créneau que nous, ce qui montre la pertinence de notre solution. » Une effervescence à même de doper le marché de l’occasion, afin d’accélérer la décarbonation de la mobilité.
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