Alors qu’un million et demi de personnes était réuni, samedi 5 août, au parc Tejo de Lisbonne pour la veillée avec le pape François, cinq personnes, dont quatre jeunes Portugais, ont été victimes d’intimidations. Ils ont été ciblés en raison du drapeau LGBT qu’ils arboraient.
Les quatre jeunes Portugais, choqués, ont porté plainte, dimanche 6 août. « Ils ont subi de nombreuses insultes, des jets de pierre, ont été poussés, et leur drapeau LGBTQIA + qu’ils tenaient a même été volé », est-il indiqué dans un communiqué publié jeudi 10 août par des associations de catholiques LGBT.
« Personne ne les a aidés »
« Dans la foule, personne ne les a aidés », assure Ana Carvalho, membre, comme une trentaine d’autres personnes, du Rainbow Center, un lieu où les catholiques LGBT ont organisé divers événements durant les JMJ de Lisbonne. « Je n’étais pas avec eux à ce moment-là, mais comme j’étais la responsable du groupe, ils m’ont appelée. J’ai fait venir la police, qui a identifié les agresseurs, et les pèlerins LGBT ont pu aller dans un espace sécurisé », poursuit-elle.
Si les pèlerins du monde entier ont coutume d’arborer le drapeau de leur pays, Ana Carvalho se doutait que porter le drapeau arc-en-ciel LGBT dans ce rassemblement pouvait comporter un « risque ». Mais, pour elle, il ne représentait pas une « provocation » : « Ces drapeaux sont comme ceux des autres groupes, pour montrer que nous sommes heureux d’être libres. »
« Nous pensions à tort que la veillée papale était un espace sûr, où tout le monde, tout le monde, tout le monde avait sa place », regrette le communiqué des associations de catholiques LGBT. Des mots faisant directement référence à ceux prononcés par le pape François lors de la cérémonie d’accueil, jeudi 3 août. « Il y a de la place pour tout le monde dans l’Église ! », avait-il martelé.
Cette insistance a particulièrement marqué les catholiques LGBT, alors qu’un autre de leurs événements avait été perturbé durant les JMJ. En effet, une dizaine de personnes ont fait irruption lors d’une messe pour le Rainbow Center, à l’église paroissiale de Notre-Dame de l’Incarnation d’Ameixoeira, dans la périphérie de Lisbonne.
« Lorsque la messe a commencé et que nous avons chanté, ils se sont mis à prier le chapelet en latin, avec leurs croix levées. Nous ne pouvions pas continuer, car ils hurlaient », se remémore Julián Muñoz Pérez, l’un des responsables de Crismhom, une association de catholiques LGBT de Madrid.
Le prêtre a alors appelé la police, et les perturbateurs sont sortis sans résister, en continuant de prier. Leur action a eu un certain écho dans la presse portugaise où de nombreux éditorialistes, soucieux de l’« ouverture » de l’Église sur ces sujets, ont déploré cet incident.
Des actes « isolés »
Toutefois Julián Muñoz Pérez tient à éviter les amalgames avec l’ensemble des jeunes pèlerins présents en nombre à Lisbonne. « Il y a eu ces actes isolés, de la part de quelques personnes qui font beaucoup de bruit, souligne-t-il. Mais en général, nous avons été bien accueillis et nous avons pu échanger avec beaucoup de personnes contentes de découvrir l’existence de nos associations ».
Un sentiment partagé par Ana Carvalho : « Ces actes n’auraient pas dû se passer, mais ça ne doit pas être la première chose qu’on retient de ces JMJ concernant la communauté. À Lisbonne, c’est surtout la première fois que nous avons organisé des événements publics, en se sentant en sécurité la plupart du temps. Cela représente une grande avancée pour les catholiques LGBT ! ». Les associations espèrent toutefois une réaction officielle du Vatican, pour que ces actes ne se reproduisent pas.
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