Giorgio Ferrara est mort à Rome jeudi 18 mai, à l’âge de 76 ans. Son patronyme a longtemps été attaché à l’histoire du Parti communiste italien, dont son père, Maurizio Ferrara (1921-2000), était une figure incontournable. Son jeune frère Giuliano (né en 1952) a fondé le quotidien libéral Il Foglio, qui était d’une tout autre teneur politique. Giorgio Ferrara a pris une voie bien différente, totalement artistique.
Rapidement remarqué par les plus grands maîtres du théâtre italien des années 1960 – Luchino Visconti (il a été son deuxième assistant sur son film Ludwig), Giorgio Strehler, Luca Ronconi –, il a hésité entre le cinéma et le théâtre, tout comme Visconti. Son mariage avec la comédienne Adriana Asti, de seize ans son aînée, qu’il rencontra lors de la production new-yorkaise du Roland furieux de Luca Ronconi, l’orientera majoritairement vers la scène, quoiqu’il ait également réalisé plusieurs films, pour le cinéma et la télévision : fictions, mais aussi enquêtes et portraits. Il la dirigea notamment au cinéma dans Un cœur simple (1977), d’après Gustave Flaubert, qui fut présenté à Cannes et obtint en Italie le Ruban d’argent de la première œuvre, et dans Tosca e altre due (2003), qu’il coécrivit avec l’actrice comique Franca Valeri et le scénariste privilégié de Visconti, Enrico Medioli.
La mère de Giorgio Ferrara, la grande résistante Marcella De Francesco (1920-2002), était la secrétaire du dirigeant communiste Enrico Berlinguer. C’est en URSS que, suivant son père, nommé correspondant du quotidien communiste L’Unita, Giorgio Ferrara a commencé ses études en langue russe. Et lors de ses diverses activités de directeur artistique — notamment du festival de Spolète, qu’il dirigea jusqu’en 2020 et ranima de ses cendres, après la période difficile qui suivit la mort de son fondateur, le compositeur Gian Carlo Menotti (1911-2007) —, il revint souvent vers la culture russe.
Déterminante expérience
Son goût éclectique et sa fantaisie lui permettaient d’offrir des programmes prestigieux,
qui réunissaient Bob Wilson, Jeanne Moreau, Anouk Aimée, Jiri Kylian, Isabelle Huppert,
Benoît Jacquot, Lucinda Childs. Ses propres mises en scène, à la fois classiques et insolites, pour lesquelles il faisait appel à des décorateurs phares du cinéma et du théâtre italien (comme Dante Ferretti, collaborateur de Fellini, Pasolini et Scorsese, ou Piero Tosi, costumier de Visconti), étaient marquées par une recherche esthétique en conformité avec l’époque de la création, ainsi que le prouva sa production de la « trilogie de Da Ponte » (Cosi fan tutte, Les Noces de Figaro et Don Giovanni).
Il ne craignait pas de mettre en scène des œuvres contemporaines (Gogo no eiko, de Hans Werner Henze, d’après un roman de Yukio Mishima, connu en français sous le titre Le Marin rejeté par la mer, ou encore The Turn of the Screw, de Benjamin Britten, d’après Henry James) et, surtout, de susciter des créations musicales (plusieurs opéras furent commandés par lui à la jeune compositrice Silvia Colasanti).
Avant cette déterminante expérience de Spolète puis la direction du Teatro Goldoni de Venise, où il programma à la fois Monica Bellucci en Maria Callas et Isabelle Adjani en Marilyn Monroe (dans un monologue d’Olivier Steiner), il marqua de sa présence l’Institut culturel italien de Paris, substituant des projets théâtraux aux colloques traditionnels.
Très profondément attaché à la culture française, il avait, avant de quitter Paris, mis en scène, en suivant les directives d’un projet de Giorgio Strehler, avec l’aide de Myriam Tanant, les
Mémoires de Goldoni, en français. Pour la dernière mise en scène de son ami Luca Ronconi, en 2017, il surprit, par son jeu à la fois fantasque et poignant, le public en interprétant lui-même le rôle du protagoniste masculin dans La Danse de mort, de Strindberg, face à sa femme. Ils représentaient à la scène leurs rapports conjugaux sous des traits caricaturaux et oniriques. Mais il était difficile, pour qui les connaissait, de ne pas être troublé par cette étonnante exposition de leur intimité. C’était une manière de clamer qu’il n’était pas de vie autre pour tous deux que sous les projecteurs.
Giorgio Ferrara en quelques dates
19 janvier 1947 Naissance à Rome
1977 Réalisateur du film « Un cœur simple »
2003-2007 Directeur de l’Institut culturel italien
2007-2020 Directeur du festival de Spolète
2014 Interprétation de « Danza macabra », de Strindberg, par Luca Ronconi
2018 Mise en scène de « Minotauro », de Silvia Colasanti, d’après Friedrich Dürrenmatt
18 mai 2023 Mort à Rome
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