Regain de tension au Kosovo. Lundi, une trentaine de membres de la force internationale emmenée par l’Otan au Kosovo (KFOR) ont été blessés lors d’affrontements entre des manifestants serbes et les forces de police du Kosovo. Les soldats de la KFOR, munis de boucliers et de bâtons, ont initialement tenté de séparer les deux parties avant de commencer à disperser la foule.
Des protestataires ont répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats. Plus de 20 soldats hongrois, membres de la KFOR, ont ainsi été blessés, dont sept grièvement. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a, lui, fait état dans un tweet de 11 soldats italiens blessés.
Ces soldats « ont été la cible d’attaques non provoquées et ont subi des blessures traumatiques avec des fractures et des brûlures dues à l’explosion d’engins incendiaires », a précisé la KFOR dans un communiqué.
Des municipales boycottées
Cela fait plusieurs jours que la situation se tend dans le nord du Kosovo, où de nombreux membres de la communauté serbe, majoritaire dans quatre villes de cette région, réclament le départ de maires albanais. Ceux-ci avaient été élus en avril après des élections municipales boycottées par la communauté serbe. La participation au scrutin avait été de moins de 3,5 %.
Ces édiles ont toutefois été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d’Albin Kurti, le Premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d’Albanais. Lundi, les protestataires serbes se sont rassemblés notamment devant la mairie de Zvecan pour crier leur colère.
L’armée serbe en alerte maximale
Outre les soldats de la KFOR, au moins 52 Serbes ont été blessés, dont trois grièvement, a précisé à Belgrade le président serbe Aleksandar Vucic, ajoutant qu’un homme de 50 ans avait été blessé par balles par « les forces spéciales » de la police kosovare. Vendredi, le président serbe avait donné l’ordre à son armée de se placer en état d’alerte maximale, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années.
Aleksandar Vucic a précisé lundi soir que les unités dépêchées à proximité de la frontière avec le Kosovo étaient déployées sur des positions « indispensables ». « Nous ne permettrons pas un pogrom du peuple serbe », a-t-il lancé, appelant « la communauté internationale à ramener Albin Kurti à la raison ». « S’ils ne font pas ça, j’ai peur qu’il soit trop tard pour nous tous ».
La Serbie, qui n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province où vivent quelque 120.000 Serbes, a reçu le soutien de la Russie. En visite au Kenya, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que « les Serbes combattaient pour leurs droits dans le nord du Kosovo ».
Retour à la table des négociations
La KFOR affirme de son côté avoir « renforcé sa présence » dans le nord et a exhorté la Serbie et le Kosovo à reprendre le dialogue sous les auspices de l’Union européenne. En attendant, les appels au calme se multiplient. « La violence doit cesser immédiatement », a déclaré l’Otan, tandis que l’UE, par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell, a qualifié « les actes de violence commis contre la KFOR, les médias, les civils et la police » d’« absolument inacceptables ».
La France a, elle, condamné ces violences « avec la plus grande fermeté » et appelé Pristina et Belgrade à « faire preuve de responsabilité » en retournant à la table des négociations. « On ne peut tolérer que soit mise en danger la stabilité régionale dans un contexte aussi critique sur le plan international. Il s’agit d’une question de sécurité européenne », précise le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans un communiqué. Berlin a également appelé à « l’arrêt immédiat de toute violence et de toute action qui attise les tensions ».
Avec AFP
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