Les principaux dirigeants allemands ont longtemps gardé le silence, ou acquiescé de manière opportuniste. Les conseils d’administration des grandes entreprises automobiles, dont Volkswagen et Mercedes-Benz, ont applaudi les « transitions en matière d’énergie et de mobilité » lancées par Angela Merkel. Dans le même temps, ils n’ont pas dénoncé les erreurs commises, comme l’interdiction du moteur à combustion à partir de 2035.
Mais, aujourd’hui, beaucoup en ont assez. Certains ont même décidé de s’exprimer. L’un des dirigeants d’entreprises les plus connus d’Allemagne, Wolfgang Reitzle (passé par BMW, Ford et Linde), vient de le faire de la manière la plus claire. « L’Allemagne est en déclin », alerte-t-il dans un article paru dans le quotidien allemand Die Welt.
Sa critique : l’amélioration de la productivité est la marque de fabrique de l’Allemagne depuis longtemps, mais les coûts unitaires de main-d’œuvre augmentent depuis des années. « L’Allemagne ne figure plus parmi les 10 premiers pays d’Europe en termes de PIB par habitant. Nous sommes sortis de la liste des 20 pays les plus compétitifs du monde. »
L’Allemagne est actuellement gouvernée par une coalition de deux partis de gauche, le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts, ainsi que par le FDP, parti libéral pro-marché, qui tente d’éviter le pire. Toutefois, Reitzle ne rejette pas toute la responsabilité sur ce seul gouvernement. Selon lui, le déclin trouve avant tout son origine dans la période où Angela Merkel dirigeait l’Allemagne, de 2005 à 2021 : « Seize ans sous la direction de la chancelière Angela Merkel, c’était trop, même pour un pays aussi fort que l’Allemagne », écrit-il, ajoutant : « Pendant l’ère Merkel, il n’y a pas eu une seule réforme structurelle qui aurait pu rendre le pays plus efficace. Cependant, deux décisions fondamentales auront un impact durable : la transition énergétique et l’ouverture des frontières à une migration incontrôlée. »
Etat « honteux » des infrastructures
Le dirigeant accuse l’Allemagne d’avoir massivement développé son système de protection sociale, tout en n’investissant pas dans l’avenir. Pour un pays aussi riche que l’Allemagne, les infrastructures sont dans un état « honteux ». Il critique également la politique de l’UE, qui consiste à imposer constamment de nouvelles réglementations aux entreprises européennes. A titre d’exemple, Reitzle cite le grand groupe BASF, qui doit faire face à 14 000 pages de réglementation relative à l’industrie chimique.
BASF a récemment annoncé son intention de supprimer des milliers d’emplois en Allemagne et d’investir des milliards en Chine. L’entreprise a justifié sa décision par le coût effarant de l’électricité en Allemagne, et par l’excès de paperasse et de bureaucratie. De nombreuses autres entreprises ont déjà annoncé qu’elles quitteraient l’Allemagne pour étendre leurs activités aux Etats-Unis ou en Asie.
Wolfgang Reitzle critique le fait que l’Allemagne s’éloigne de plus en plus de l’économie de marché, soulignant que la part du secteur public atteint désormais 50 % du PIB. « La foi en l’Etat augmente, le soutien à l’économie de marché diminue. » L’Allemagne a déjà de loin le temps de travail annuel le plus court du monde, avec 1 349 heures (contre 1 791 heures aux Etats-Unis et 1 830 heures en Pologne). « Et nous discutons actuellement d’une semaine de quatre jours avec, si possible, deux jours de travail à domicile pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. »
Homme malade de l’Europe
Pour Reitzle, le problème fondamental est que l’élaboration des politiques en Allemagne est entièrement subordonnée à la question de la « protection du climat » : « Aucun autre pays au monde n’a une politique climatique aussi téméraire que l’Allemagne, qui semble croire qu’elle peut sauver le climat de la planète pratiquement à elle seule. » L’Allemagne a abandonné l’énergie nucléaire et, plus récemment, a même fermé des centrales nucléaires en parfait état de fonctionnement à une époque de pénurie d’énergie massive. « Cette électricité est remplacée par de l’énergie nucléaire provenant de France et de l’énergie au charbon en Allemagne, entre autres… Pour les années à venir, nous aurons l’électricité la plus polluante d’Europe après la Pologne, et nous ne contribuerons pas de manière significative à la protection du climat. »
Le défaut de la politique énergétique et climatique de l’Allemagne réside dans la maxime : « Tout électrique – uniquement des énergies renouvelables. » Or, pour mettre en œuvre cette politique, il faudrait plus que doubler la quantité d’électricité produite, et ce rapidement. Les capacités de production d’énergie éolienne et solaire devraient être plus que quadruplées. L’énergie éolienne et solaire étant très volatile, nous aurions besoin d’énormes capacités de stockage et de secours. « Cependant, explique Wolfgang Reitzle, ce n’est ni techniquement possible ni abordable pour un pays comme l’Allemagne. C’est tout simplement de la folie. »
Outre Angela Merkel, sa critique vise également le ministre de l’Economie, Robert Habeck, du parti des Verts : « Le plan ‘uniquement des énergies renouvelables’ de Habeck est voué à l’échec. Lui et les Verts, ainsi qu’une grande communauté quasi religieuse de journalistes écologistes de gauche, sont engagés dans un parcours idéologique qui ne peut que se traduire par de gigantesques pertes de prospérité en Allemagne. »
Si ce « parcours » se poursuit, l’Allemagne prendra encore plus de retard. Et cela deviendra alors un problème pour l’ensemble de l’Europe. « Avec l’euro, une union de facto de responsabilité et de transfert a été établie, et l’Allemagne en est responsable en dernier ressort. Mais, si l’Allemagne devient l’homme malade de l’Europe, elle risque de perdre la notation financière AAA. Le jour où l’Allemagne perdra cette note, ce sera le D-Day pour l’Eurosystème », conclut Wolfgang Reitzle.
* Rainer Zitelmann est un historien et sociologue allemand. Son livre In Defense of Capitalism vient d’être publié en anglais.
voirenimages.net vous produit ce texte qui aborde le thème « ». Le but de voirenimages.net étant de rassembler en ligne des données sur le sujet de puis les diffuser en essayant de répondre du mieux possible aux interrogations que tout le monde se pose. Cet article se veut reconstitué de la façon la plus correcte que possible. Si jamais vous projetez d’apporter quelques précisions autour du sujet « », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans les prochaines heures on rendra accessibles à tout le monde d’autres annonces autour du sujet « ». Alors, consultez régulièrement notre blog.