Duolingo, « deux langues » en latin, porte de moins en moins bien son nom. Et pas uniquement car l’application à la petite chouette verte propose désormais plus de 100 cours couvrant 42 langues, des plus communes (anglais, mandarin, espagnol, français) aux plus rares, comme l’hawaïen ou l’écossais. Le service créé en 2011 à Pittsburgh aux Etats-Unis détient aujourd’hui entre 90 % et 95 % du marché mondial de l’apprentissage des langues « online ». Mais fin 2023, l’entreprise qui vaut presque 10 milliards en Bourse est sortie de son ADN, en se lançant dans l’enseignement de la musique et des maths, deux nouvelles matières qui viennent d’arriver dans la version française de l’appli ce mois-ci.
Une diversification que compte bien poursuivre Luis von Ahn, le PDG et cofondateur de Duolingo. « Nous ne voulons pas tout enseigner, mais enseigner plus de choses, explique, de passage à Paris, le patron guatémaltèque dans un entretien aux ‘Echos’. Comme nous sommes une application freemium, mêlant publicité et abonnements, il faut que nos matières attirent un public large. Enseigner le code, par exemple, serait trop niche. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. »
Des jeux de rôle avec un chatbot
Duolingo aurait tort en effet de rester dans son couloir. Cet effort arrive au moment où l’IA générative lui permet justement de construire de nouveaux cours plus rapidement et d’expérimenter à plus grande échelle. « Aujourd’hui, les trois quarts des données sur Duolingo sont insérées par ordinateur, seul le quart restant étant apporté par nos équipes », relate encore le patron, en jean et tee-shirt, depuis un WeWork du 8e arrondissement parisien. Ainsi, les modérateurs humains écrivent souvent le scénario des dialogues et la première phrase – l’IA faisant le reste.
Côté utilisateurs, l’IA change aussi la donne. L’année dernière, Duolingo a lancé deux nouvelles fonctionnalités grâce au modèle de langage GPT4 d’OpenAI. « C’est le meilleur modèle, il est très pertinent même si l’écart avec les autres modèles se réduit », témoigne Luis von Ahn. Un chatbot peut ainsi expliquer aux apprenants pourquoi ils ont commis telle ou telle erreur et jouer à des jeux de rôle avec eux. Des fonctionnalités réservées aux abonnés payants de Duolingo Max, son offre la plus premium à… 30 dollars par mois.
« Ces conversations générées par l’IA nous coûtent 5 centimes l’unité en calcul informatique, c’est encore trop cher pour les généraliser aux utilisateurs non payants. Mais ce coût va baisser dans les prochaines années, anticipe l’informaticien de 45 ans. On remarque aussi que les utilisateurs ont encore peur quand l’IA générative imite leur propre voix. Et au bout d’un moment, les chatbots peuvent devenir lassants. »
Un modèle tourné vers le payant
La diversification arrive aussi au moment où Duolingo coche tous les voyants ou presque, lui donnant les moyens de son ambition. L’engouement autour de l’IA a fait flamber le nombre de ses utilisateurs : en 2023, l’application a été téléchargée presque 200 millions de fois (+39 %), selon data.ai. Dans le lot, 88 millions d’utilisateurs s’y connectent tous les mois.
En Bourse, l’action Duolingo se porte aussi à merveille : depuis le partenariat avec OpenAI il y a un an, le cours en Bourse de Duolingo a presque doublé, à 223 dollars aujourd’hui. Une surperformance due à l’IA ? Luis von Ahn y voit plutôt la réussite de son modèle d’affaires : Duolingo génère 76 % de ses revenus avec ses quelque 6 millions d’abonnés payants. Des revenus récurrents et en forte hausse (+48 % en 2023) qui le protègent des aléas du marché publicitaire (moins de 10 % de ses revenus). L’année dernière, l’entreprise a même généré 16,1 millions de dollars de profit, son premier bénéfice depuis que ses comptes sont publics, pour 531 millions de chiffres d’affaires.
Dans ce contexte, Duolingo va-t-elle se montrer agressive en matière d’acquisitions, au moment où l’IA pourrait faire baisser les barrières à l’entrée sur ce marché ? Racheter l’allemand Babbel, le numéro deux du marché, ne ferait pas sens, selon Luis von Ahn, tant Duolingo est devant. En revanche, l’application pourrait racheter des start-up de l’IA, du jeu vidéo ou de l’animation, comme elle l’a fait fin 2022 en reprenant Gunner, un petit studio d’animation de Detroit.
Jeunes, pragmatiques, tournés vers l’anglais : qui sont les Français sur Duolingo ?
Les Français seraient mauvais en anglais, dit-on. Pourtant, on fait des efforts ! Sur Duolingo, l’anglais est la langue la plus étudiée en France, ce qui n’est pas le cas en Allemagne, en Italie ou en Espagne. Mais les apprenants n’étudient pas l’anglais pour lire Shakespeare dans le texte : le pragmatisme demeure. Ainsi, 34 % des utilisateurs français de Duolingo apprennent l’anglais dans le cadre du parcours scolaire et 22 % pour dynamiser leur carrière, selon le groupe. En revanche, la génération Z (1 utilisateur sur 2 de Duolingo en France a moins de 29 ans) apprend des langues étrangères pour nourrir ses centres d’intérêt (médias, musique, séries) à l’image du coréen rendu populaire par la K-pop. A l’inverse, les seniors sont plus susceptibles d’apprendre une nouvelle langue pour se préparer à un voyage.
voirenimages.net vous produit ce texte qui aborde le thème « ». Le but de voirenimages.net étant de rassembler en ligne des données sur le sujet de puis les diffuser en essayant de répondre du mieux possible aux interrogations que tout le monde se pose. Cet article se veut reconstitué de la façon la plus correcte que possible. Si jamais vous projetez d’apporter quelques précisions autour du sujet « », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans les prochaines heures on rendra accessibles à tout le monde d’autres annonces autour du sujet « ». Alors, consultez régulièrement notre blog.