Législatives 2024 : le vote RN, un vote passéiste

Législatives 2024 : le vote RN, un vote passéiste
Législatives 2024 : le vote RN, un vote passéiste

Plus qu’un slogan, c’est une profession de foi. Le fameux « On est chez nous ! » lancé systématiquement dans les meetings de Marine Le Pen depuis près de quinze ans est un condensé, en quatre mots, d’un vote et de ses motivations. Il porte en lui la peur de voir son pays et ses traditions « disparaître », de se voir « submerger » par « l’immigration massive ». Mais, avec 32 % des intentions de vote en faveur des candidats Rassemblement national (RN) pour le premier tour des législatives du 30 juin, cette « insécurité culturelle » est-elle toujours aussi centrale pour l’électorat lepéniste ?

Depuis plusieurs années, le sentiment de « ne plus être chez soi en France » est majoritaire dans le pays. Ainsi, l’étude annuelle « Fractures françaises » réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, mesure cette question depuis 2013 : la réponse se situe toujours à plus de 60 %. Avec un pic, en octobre 2023, à 64 %. Dans la même étude, 66 % des personnes interrogées estiment, par ailleurs, qu’il y a « trop d’étrangers en France » et 58 % pensent que les « étrangers ne font pas assez d’effort pour s’intégrer ». De même, 82 % des sondés pensent que la France est en « déclin ».

Tous ces indicateurs vont dans le même sens, celui d’une inquiétude d’être dépossédé de ce que l’on a toujours connu, de voir son pays tellement se transformer qu’il pourrait ne plus exister. « Ce sont des angoisses nourries par la question de l’immigration. Le passage à la rhétorique de la submersion veut dire cela. Nous ne sommes plus dans l’accusation envers les immigrés qui prendraient les emplois et les prestations sociales, mais dans la crainte de disparaître », note Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos.

On a souvent présenté le vote Front national comme un vote de protestation sociale, celui de classes populaires oubliées. Si cette dimension est bel et bien présente, notamment dans les zones les plus isolées, loin de l’influence des pôles urbains, elle n’explique pas, seule, les scores lepénistes. Le vote pour la formation nationaliste est polymorphe. Ainsi, le RN a su créer une offre politique propre, liant les préoccupations sociales à la question de l’immigration. Ce sont les deux étages de la fusée frontiste depuis près de cinquante ans. Ainsi, lors des législatives de 1978, le parti à la flamme adopte le slogan : « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ». La synthèse était faite, la ligne politique, établie. Et elle ne sera jamais abandonnée.

« L’individualisation de la société »

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