Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté le 30 juin 2023 pour mettre fin à sa mission de maintien de la paix au Mali, la Minusma, après que le Mali a officiellement demandé son retrait complet. Plus de 11 000 militaires de 53 pays devraient quitter le pays d’ici le 31 décembre 2023.
La Minusma a été déployée pour la première fois au Mali en avril 2013 pour soutenir le processus politique du pays et aider à rétablir la paix et la stabilité. A la mi-2012, le nord du pays était sous le contrôle de groupes terroristes.
La récente demande du Mali de retrait des troupes de maintien de la paix de l’ONU n’est pas une surprise.
Après un coup d’État en 2020 et un autre en 2021, les relations entre les autorités maliennes et la Minusma se sont détériorées. L’ONU a publié un rapport accusant les troupes maliennes et leurs alliés d’avoir massacré au moins 500 civils en 2022. Elle a également accusé le gouvernement malien de s’ingérer dans ses opérations.
Ces événements ont incité certains pays à commencer à retirer leurs soldats de la mission de maintien de la paix. En novembre 2022, la Côte d’Ivoire a informé l’ONU que ses 900 soldats quitteraient la mission. Trois jours plus tard, le Royaume-Uni a annoncé également le retrait de ses troupes.
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En tant que politologue qui fait des recherches sur les questions de sécurité au Sahel sur les questions de sécurité au Sahel, dont le Mali fait partie, je pense que pour que le Mali puisse effectuer une transition pacifique vers la démocratie, deux éléments clés sont nécessaires.
Premièrement, les nouvelles menaces terroristes dans le Sahel exigent le développement de nouveaux instruments et de nouvelles approches militaires, notamment une lutte commune contre les insurgés terroristes islamistes. Aucun pays de la région n’a la force nécessaire pour mener seul la lutte contre le terrorisme. Le Mali doit coordonner ses efforts militaires avec ses voisins : Algérie, Burkina Faso, Guinée, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Niger et Sénégal.
Deuxièmement, le Mali doit accompagner l’aspect militaire de la lutte contre le terrorisme par des initiatives de développement visant à prévenir la radicalisation. Sans ces mesures, le pays et ses citoyens pourraient être confrontés à une instabilité accrue.
Ce qu’il faut faire
Le 3 juillet 2023, les autorités maliennes et une délégation de la Minusma se sont mises d’accord sur un plan de retrait. Ce plan prévoit le transfert des tâches, de la logistique, de la sécurité et de la communication stratégique à Bamako d’ici décembre.
Le Mali a mis en place des mesures pour le retrait des troupes de l’ONU depuis qu’un nouveau gouvernement a pris le pouvoir après le coup d’État de 2020. Le Conseil national de transition a approuvé la création d’une école de guerre en septembre 2021 pour renforcer l’appareil de sécurité nationale et former les futurs cadres de l’armée.
L’objectif était de remplacer les troupes étrangères par des troupes locales en cas de retrait. La première cohorte a déjà terminé sa formation. La deuxième promotion est sur le point d’obtenir leurs diplômes.
Alors que le retrait de l’ONU créera un vide sécuritaire, augmentant la vulnérabilité du Mali aux défis liés à la sécurité et au terrorisme, les diplômés de l’école de guerre pourraient aider à combler ce vide.
Mais pour que cela fonctionne, les autorités maliennes doivent s’assurer que les soldats locaux soient capables d’occuper les zones qui étaient sous le contrôle des forces de maintien de la paix. En outre, le gouvernement devra offrir des possibilités d’emploi aux plus de 800 civils travaillant avec la Minusma et créer de nouvelles activités économiques pour combler le vide laissée par leur départ. Cela permettra de minimiser tout impact négatif supplémentaire sur le taux de chômage déjà fragile du Mali. Bamako s’est dit capable de sécuriser ses 23 millions de citoyens, mais n’a pas encore précisé comment il compte le faire.
Le gouvernement doit également mettre en œuvre les recommandations de la conférence nationale sur la refondation de l’État. Il s’agit notamment d’organiser des élections crédibles, équitables et transparentes. Un accord de transition adopté par le parlement en 2022 avait donné au gouvernement de transition deux ans pour rendre le pouvoir aux civils.
Cependant, les progrès en la matière ont déjà été remis en question. Le président intérimaire Assimi Goïta a récemment adopté une nouvelle constitution qui renforce ses pouvoirs.
La principale préoccupation est maintenant de savoir si le gouvernement militaire respectera la période de transition et organisera des élections qui redonneront le pouvoir à un président démocratiquement élu d’ici 2024. Pour y parvenir, il faut des mesures gouvernementales qui rétablissent la sécurité dans tout le pays, favorisent la réconciliation nationale et promeuvent la bonne gouvernance.
Pourquoi c’est important
Le retrait des troupes de l’ONU du Mali pourrait avoir des conséquences négatives sur la situation sécuritaire et la croissance économique du pays. Il pourrait également compliquer les efforts de dialogue et de négociation avec les ex-rebelles.
Une perte de soutien et d’engagement de la part de la communauté internationale pourrait conduire à une réduction de l’aide financière et du soutien politique en matière de lutte contre l’insécurité. Cela aurait un impact direct sur la stabilité du pays – et de la région du Sahel.
La voie du dialogue constructif reste une condition essentielle pour une transition politique pacifique et la construction du “Mali Koura”, ou d’un nouveau Mali.
Le Mali a besoin de reconstruire sa société. Son peuple a aspire à une véritable démocratie et au développement. Les autorités de transition doivent veiller à mettre fin à la mauvaise gouvernance, à la gabegie politique, à la corruption et au népotisme.
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