L’inflation aux Etats-Unis semble en passe de devenir une vieille histoire tandis que la hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), passés de zéro à plus de 5,25 % en dix-huit mois, devrait s’achever. En effet, l’indice des prix à la consommation de juillet a progressé de 3,2 % sur un an, selon les statistiques publiées jeudi 10 août. Un chiffre en légère hausse par rapport aux 3 % affichés en juin, mais qui reste inférieur aux attentes.
Surtout, l’intérêt est ailleurs : d’un mois à l’autre, l’inflation n’a progressé que de 0,2 % (environ 2,4 % en rythme annuel), qu’il s’agisse de l’indice global ou de celui hors énergie et alimentation. Le phénomène dure depuis deux mois, ce qui laisse entendre que la hausse des prix est proche de l’objectif de 2 % en rythme annuel poursuivi par la Fed.
L’essentiel de cette hausse s’explique par le logement, les loyers tardant à baisser en dépit du relèvement des taux qui a fracassé le marché immobilier. Quant aux prix des services, qui avaient connu une envolée folle, ils se calment ; ainsi, ceux des billets d’avion, qui étaient devenus prohibitifs, ont baissé de 18,6 % sur un an et 8,1 % sur un mois.
L’économie américaine a créé 187 000 emplois en juillet
Cet atterrissage se fait alors que le marché du travail se calme un peu. Le pays connaît certes le plein-emploi – avec un taux de chômage de 3,5 % de la population active et une hausse de la participation au travail –, les salaires ont augmenté sur un an de 4,4 %, un chiffre trop élevé pour la Fed, mais l’économie américaine n’a créé « que » 187 000 emplois en juillet, signe d’une baisse de la surchauffe.
Tout va bien ? Alors comment expliquer que l’agence de notation Fitch ait dégradé la note AAA des Etats-Unis, douze ans après celle décidée par Standard and Poor’s dans la foulée de la grande crise financière. Injustes, ont crié les Américains, alors qu’un armistice a été signé entre les démocrates et les républicains sur ce sujet jusqu’aux élections.
« C’est complètement absurde. Et c’est plus susceptible de montrer que Fitch n’est pas pertinent pour les investisseurs [en ce qui concerne l’évaluation de] la dette souveraine américaine que de montrer [à ces derniers] quoi que ce soit sur les Etats-Unis », s’était indigné Jason Furman, économiste à Harvard. Son collègue Olivier Blanchard avait un autre regard : « Plus que le niveau de la dette ou même du service de la dette, ce qui importe le plus pour la viabilité de la dette est de savoir si le processus budgétaire est fonctionnel ou non, s’il peut s’ajuster si le besoin s’en fait sentir. Le processus budgétaire américain est dysfonctionnel. Le déclassement de Fitch était raisonnable. » Bref, ce n’est pas parce qu’on s’habitue aux psychodrames de Washington que cette attitude est acceptable.
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