« Quand le bâtiment va, tout va. » À s’en tenir au vieil adage, la situation de l’Allemagne glisse vers des lendemains préoccupants, alors que le pays est entré en récession en 2023. La pénurie de logements s’aiguise en effet outre-Rhin, en même temps que s’effondre la construction de nouveaux logements.
La hausse des taux d’intérêt de la BCE et l’augmentation des prix de l’énergie font exploser les coûts de l’immobilier et des dizaines de projets sont au point mort, voire abandonnés. Une descente aux enfers pour les locataires. Car la raréfaction de logements neufs alimente une spirale de hausse des loyers très importante, qui pèse sur le pouvoir d’achat des citoyens, déjà très malmenés par l’inflation.
Le dossier est devenu l’un des plus sensibles dans l’actualité sociale et politique allemande. En 2021, au moment de l’arrivée au pouvoir du chancelier Olaf Scholz, le manque de logements avait déjà pris des proportions très alarmantes. Le nouveau gouvernement tripartite (SPD/Verts/libéraux) avait alors lancé un ambitieux programme de construction de 400 000 logements. Trois ans plus tard, ces objectifs sont restés lettre morte ou presque, et la disette de logis abordables ne cesse de s’aggraver.
Les loyers ont pris 18 % en un an à Berlin
Les plus pénalisées sont les familles les plus modestes. Une alliance d’associations et de syndicats, autour de la fédération des locataires allemands (Mieterbund), évalue à plus d’un million le manque d’habitations sociales. D‘un autre côté, les prix des loyers définis sur le marché dit libre par des bailleurs privés ne cessent de battre de nouveaux records. Résultat : « Dans les grandes villes, près de 13 % des familles de locataires sombrent sous la frontière du minimum existentiel après le paiement du loyer », souligne Andrej Holm, sociologue à l’université Humboldt de Berlin.
Cette pénurie a pris une dimension d’autant plus rude que l’Allemagne est très majoritairement un pays de locataires. Quelque 53 % des citoyens y louent leur logement, soit le niveau le plus élevé d’Europe (contre seulement 45 % des Français et un quart des Espagnols). Le phénomène aggrave ainsi l’étranglement des classes populaires et moyennes, ce qui renforce les tendances à la chute de la consommation intérieure, donc à la récession, déjà observée en 2023.
Dans leur ville de Berlin, où les loyers ont fait un bond de 18,7 % en un an, l’affaire a pris la dimension d’une relégation loin du centre-ville pour Manfred et Linda Schrötter : « On était déjà asphyxiés par les hausses du gaz et de l’électricité. La dernière augmentation de Vonovia (le géant immobilier privé qui règne sur la capitale allemande – NDLR) nous a contraints à chercher notre salut en migrant, à notre grand regret, vers la périphérie. »
La spéculation foncière a de beaux jours devant elle
Cette évolution est d’autant plus douloureuse que, pendant plusieurs décennies, une abondance relative de logements avait fait de l’Allemagne un champion des loyers peu chers. Ce qui avait contribué à la compétitivité si ardemment recherchée dudit « lieu de production Allemagne ». Le patronat avait alors pu échanger la modestie des charges locatives de ses employés contre la « modération salariale. » Cette époque-là est bel et bien révolue.
Alors qu’il faudrait faire un effort considérable pour le logement social en lui attribuant un « fonds spécial » de plusieurs dizaines de milliards d’euros, selon les besoins mesurés par le sociologue Andrej Holm, le gouvernement d’Olaf Scholz, prisonnier de dogmes budgétaires et marchands, se l’interdit.
La décision de serrer à nouveau le frein à la dette, début 2024, conduit les Länder, généralement initiateurs de la construction de logements sociaux, à retarder ou annuler leurs projets. Berlin a voulu montrer sa volonté de changer de braquet en annonçant un ronflant programme baptisé Turbobau (mettre un turbo dans le bâtiment).
La recette : doper les investissements privés en réduisant « les normes et la bureaucratie locale », présentées comme autant de freins à la construction. « Halte au fou ! » ont rétorqué aussitôt une trentaine de syndicats, d’associations et d’organisations de locataires.
« Ces mesures visent en fait à court-circuiter la démocratie en matière d’aménagement des territoires », ont-elles répliqué, avant de conclure : « Le turbo est bien mis, mais sur la spéculation foncière. » Les sociétés publiques du logement social sont aujourd’hui une espèce en voie de disparition outre-Rhin. C’est pourtant là qu’un investissement sans précédent est nécessaire. « Sinon, relève Andrej Holm, on ne sortira pas de cette crise aux répercussions majeures pour toute la société. »
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