Le 3 février 2022, une immense tache blanche se forme sur la mer, au large de La Rochelle. Des dizaines de milliers de merlans bleus flottent sans vie à la surface, après avoir été rejetées par le Margiris, un bateau-usine de 143 mètres. L’ONG Sea Shepherd France, qui a révélé l’hécatombe au grand public, porte plainte. « Quand certains navires capturent une très grande quantité de poissons à très faible valeur marchande, (…) ils les rejettent pour faire de la place à [des poissons à] plus forte valeur ajoutée, ce qui est strictement illégal », dénonce sa présidente, Lamya Essemlali.
Le propriétaire du navire se défend en expliquant l’« incident » par la rupture accidentelle du chalut du navire. Une chose est sûre : « Il y a eu un rejet non autorisé », constate le ministère de la mer, qui demande l’ouverture d’une enquête administrative. Si cet épisode a alimenté le débat sur les dérives de la pêche industrielle, un élément de ce débat est passé assez inaperçu : le propriétaire du navire, le groupe néerlandais Parlevliet & Van der Plas (P&P), a touché en 2020 plus de 355 000 euros d’aides publiques en France.
L’ambiguïté des critères d’attribution
Cet exemple illustre les limites du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp), un dispositif créé en 2014 pour devenir le bras armé de l’Union européenne (UE) en matière de soutien à la pêche durable. A l’époque, l’une des « priorités absolues » de ce fonds était, en effet, d’« encourager une pêche et une aquaculture durables sur le plan environnemental », en y consacrant près de 40 % de l’enveloppe de 6 milliards d’euros débloquée pour la période 2014-2020 à destination des acteurs de la pêche.
Près d’une décennie plus tard, l’échec est patent. Selon notre enquête, les actions visant à encourager la pêche durable n’ont représenté que 17 % des 535 millions d’euros attribués aux entreprises et aux collectivités au titre du Feamp en France.
Car cette enveloppe ne finance pas uniquement le développement des pratiques durables. Parmi les trente-six catégories d’actions qui peuvent ouvrir l’accès à un financement, on retrouve la « limitation de l’incidence de la pêche sur le milieu marin » ou la « protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes marins », mais aussi des critères non environnementaux, comme l’« aide au stockage » ou la « commercialisation et recherche de nouveaux marchés ».
D’après les données du ministère de l’agriculture français, l’ensemble des mesures d’encouragement de la pêche durable n’ont reçu que 94 millions d’euros sur six ans. Soit moins que l’aquaculture durable (117 millions), mais surtout que les mesures visant à favoriser la commercialisation des produits de la mer (129 millions). Le Feamp a ainsi financé un grossiste en région parisienne à hauteur de 546 257 euros pour la construction d’une « usine de transformation et de conservation de produits de la mer », ou versé 224 987 euros à une entreprise spécialisée dans la salaison à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour « ouvrir vingt fours » et « doubler sa capacité de production ». Les activités de « stockage » et d’« extension » ont été respectivement financées à hauteur de 9 millions et 6 millions d’euros.
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