« Il ne se présenta rien d’important dans l’administration, que le ministre, à la chose la plus urgente, ne répondît : – J’ai demandé un rapport. » raillait déjà Balzac dans Les Employés. C’est bien ce que fit Mme Borne, l’année dernière, en confiant à Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice des finances Selma Mahfouz une étude pour chiffrer le coût de la transition, et les moyens de la financer.
Les recommandations du rapport – peut-être le dernier écrit par des humains – sont confondantes de similitudes avec celles de ChatGPT, quand il résume les prescriptions du GIEC. La production d’électricité doit doubler pour décarboner nos transports, nos logements ou nos usines. Elle doit basculer à marche forcée vers le nucléaire ou les renouvelables.
Consommation du numérique
C’est sans compter sur la croissance exponentielle des usages numériques. Le secteur utilise déjà près de 10 % de la consommation électrique française. Tirée par la croissance des data centers, proche des 20 % par an, sa part devrait encore augmenter avec la diffusion des IA génératives. En clair, nos scribes numériques entrent déjà en concurrence avec les chargeurs pour véhicules électriques.
Pour lever ces goulets d’étranglement et faire baisser effectivement nos émissions de 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990, il faudra investir plus massivement que jamais dans les infrastructures. La décarbonation appellera un supplément d’investissement public et privé de l’ordre 66 milliards d’euros par an, selon les experts.
Dans le rapport, le prisme français anticipe de nouvelles dépenses de la part des pouvoirs publics, plutôt que d’imaginer un surcroît d’investissement privé. Nos experts, pétris de colbertisme, s’empressent d’inventer de nouvelles taxes, en ciblant les 10 % plus riches, ‘à valeur de symbole’.
Décroissance sélective
Par rapport aux Etats-Unis, le contraste est saisissant : les investisseurs privés sont mobilisés, alléchés par les subventions massives de l’IRA. La dette plutôt que les taxes… Il n’est question que de privatiser les gains, en saisissant les opportunités de croissance des secteurs en expansion, et de créer des champions économiques de demain.
Que ce soient les producteurs d’énergie, les fournisseurs d’infrastructures de transmissions, le stockage de données, les bornes de recharge, les développeurs de logiciels pour gérer la demande et équilibrer la grille, les piles à hydrogène, les experts en cybersécurité des réseaux, et bien d’autres…
La décroissance ne peut être que sélective, c’est-à-dire porter sur les activités les plus émissives, amenées à se transformer ou disparaître.
Alexis Normand
A Paris comme à San Francisco, l’argument de la décroissance généralisée, selon lequel il faudrait réduire le PIB pour réduire nos émissions, ne tient pas. Il est mis à mal par l’impossibilité de financer l’envolée des investissements verts, en l’absence d’un surcroît de création de richesse, au présent comme au futur. La décroissance ne peut être que sélective, c’est-à-dire porter sur les activités les plus émissives, amenées à se transformer ou disparaître. C’est ce qui se passe déjà dans l’automobile, et doit infuser tous les secteurs.
Révolution technologique
Loin de l’approche punitive, c’est donc une politique fiscale pro innovation qu’il faudrait prôner, en modulant les taux d’imposition et les taux d’intérêt selon leur contribution à la transition énergétique. Ces mécanismes, facilités par la généralisation en marche de la comptabilité carbone, sont déjà déployés par des banques et doivent se généraliser. La transition ne sera pas financée par la seule épargne des Français ou en faisant fuir les innovateurs, mais bien en attirant les investisseurs du monde entier et en valorisant le leadership de l’ingénierie française.
Puisqu’il est question de symbole, c’est-à-dire de politique, il faut choisir ce qui sert le mieux l’objectif de décarbonation. Ce n’est ni en aliénant les investisseurs ni en matraquant les pauvres avec des taxes sur les énergies fossiles qu’on fera adhérer les Français. Mais en construisant une narration positive de la transition énergétique. Pour la France, évidemment, cela veut dire être le chef de file d’une révolution technologique mondiale.
Alexis Normand est PDG et cofondateur de Greenly.
voirenimages.net vous produit ce texte qui aborde le thème « ». Le but de voirenimages.net étant de rassembler en ligne des données sur le sujet de puis les diffuser en essayant de répondre du mieux possible aux interrogations que tout le monde se pose. Cet article se veut reconstitué de la façon la plus correcte que possible. Si jamais vous projetez d’apporter quelques précisions autour du sujet « », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans les prochaines heures on rendra accessibles à tout le monde d’autres annonces autour du sujet « ». Alors, consultez régulièrement notre blog.