Portugais de France : « Ici on se sent comme chez nous

Portugais de France : « Ici on se sent comme chez nous
Portugais de France : « Ici on se sent comme chez nous

À 18 ans, il sait déjà où il fera sa vie : sur l’île de Groix. Pareille détermination surprend, comme celle de marcher dans les pas de son grand-père, son père et ses oncles et travailler dans le bâtiment, en famille. « J’aime les hauteurs, dit-il, avec le foot bien sûr. » Faute de parois ou de rochers sur l’île suffisamment hauts pour s’élever, il grimpe sur les échafaudages. CAP en poche, il prépare son brevet de couvreur. Une première année en alternance, deux semaines en entreprise à Groix, une semaine en cours à Vannes.

À Groix, la famille s’est agrandie

Les horizons lointains n’ont pas la saveur de l’aventure pour Jordan. S’il consent à aller à Vannes pour étudier et à Lorient où vit sa copine, elle aussi originaire de Groix, il préfère rester sur « son caillou ». « Ici on se sent comme chez nous et toute ma famille est là. » Ses arrière-grands-parents, arrivés les premiers à la fin des années 1960, sont enterrés sur l’île, loin du Portugal, leur terre natale. Ses grands-parents, oncles et tantes, cousins sont ancrés à Groix où la famille s’est agrandie. Jordan est la 4e génération de Groisillons et d’hommes du bâtiment.

« Je ne suis pas arrivé là sans avoir très jeune tenu un marteau. Petits, on était toujours sur les chantiers, on a baigné dans ce métier. » Quand ils se retrouvent tous en famille, de quoi parlent-ils ? « De boulot ! », répond Jordan, à fond dans les pas des hommes de la famille. « Aujourd’hui, l’entreprise a un nom. Elle est bien établie sur l’île. » Et des chantiers pour au moins les trois ans à venir. L’arrivée d’« étrangers » de plus en plus nombreux à Groix laisse penser que les affaires vont continuer. Les maisons neuves poussent partout sur des terrains encore en friche et au printemps, les bateaux de traversée entre Lorient et l’île affichent complet. À bord des touristes d’un jour ou plus, venus découvrir l’île à pied ou à vélo.

Portugais de France : « Ici on se sent comme chez nous »

La chapelle de la Trinité

Ce jour ensoleillé et sans vent, l’équipe dirigée par son oncle Gaëtan, frère de Victor s’affaire à la réfection du toit d’une jolie maison bicentenaire. «C’est complexe, il y a beaucoup de technicité», explique Jordan alors qu’ils fixent une corniche groisillonne en finition, entre le toit et le mur. Il fait remarquer les moulures à l’italienne typiques de ces maisons construites sur terre battue. Un savant mélange de nouvelles technologies apportées par les jeunes et le savoir-faire des anciens permet de maintenir en état ces maisons basses, typiques du centre de l’île, autrefois habitées par les pêcheurs. «Ils vivaient à l’intérieur des terres, le plus loin possible de la mer, un repoussoir. Elle les avait souvent trahis en emportant les leurs. » Les maisons hautes des armateurs étaient situées sur le port ou à proximité. Toutes sont très recherchées par les Parisiens qui ont découvert l’île pendant le Covid, et s’affichent à des prix astronomiques.

Non loin de là, il y a la chapelle de la Trinité. Vouée à la destruction, elle a été restaurée en partie par son grand-père, Abilio. Il a même ramené, de Fatima, une statue de la Vierge qui veille sur la chapelle et ses ouailles. Une messe est organisée chaque année, mais elle ne rassemble guère de monde et peu de Portugais. « Ma religion ? C’est le foot !, avoue Jordan, mais elle fait aussi partie de notre histoire, comme de notre langue. En portugais, on dit couramment Vai com Deus (« Que dieu te garde »), sans forcément penser au sens religieux. » Baptisé comme tous dans la famille, Jordan va à la messe seulement à Noël. « On n’est pas forcément pratiquant, on croit quand on a besoin. » Mais comme beaucoup, il fait quand même un tour à Fatima lors de ses vacances au Portugal.

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Des familles groisillonnes « pur jus »

Contrairement à son grand-père et à son père, son lien avec le pays d’origine est déjà plus lointain. Il ne parle pas le portugais et le regrette. « J’aime la langue française», dit-il. Gaëtan, 38 ans, lui-même né à Groix et marié à une Française, comprend l’éloignement progressif, selon lui inévitable. « Si on reste à cheval entre deux cultures, on ne peut pas bien s’intégrer. » Quand ses parents sont arrivés sur l’île, il y avait des familles groisillonnes « pur jus ». « Il fallait faire sa place. Aujourd’hui, les générations se mélangent. On est avant tout groisillon de cœur. On s’intègre et on travaille pour l’île, c’est ce qui compte. »

Jordan ne passe pas toutes ses vacances au Portugal, loin de là. « En France, on a la mer, la montagne. Que demander de plus ! c’est l’un des plus beaux pays au monde. Le Portugal ? Peut-être quand je serai à la retraite. »

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De la poésie au foot, les personnalités d’hier et d’aujourd’hui

Littérature : Luís de Camões, auteur des Lusiades, l’Odyssée portugaise ; le poète Fernando Pessoa ; Eça de Queiroz, le Flaubert portugais ; Agustina Bessa-Luís ; José Saramago, prix Nobel de littérature en 1998 ; António Lobo Antunes, auteur de Jusqu’à ce que les pierres deviennent plus douces que l’eau (Éd. Christian Bourgois), Gonçalo M. Tavares, auteur de Mythologies (Éd. Viviane Hamy), Valter Hugo Mãe (auteur de La Déshumanisation, Éditions Denoël)…

Chanson : Amália Rodrigues, la diva du fado ; Camané, Madredeus, Mariza, Ana Moura, Cristina Branco, Carminho…, les nouvelles voix du fado ; Pedro Abrunhosa, Rui Veloso, António Zambujo ; Tony Carreira, le Julio Iglesias portugais…

Football : Cristiano Ronaldo, la star mondiale ; Eusébio, l’autre grand nom du foot ; Luís Figo…

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