Les jardins sont de plus en plus présents dans les espaces scolaires. Si l’intérêt croissant pour l’organisation de la classe dehors et la végétalisation des villes jouent un rôle moteur dans cette expansion, les jardins pédagogiques ne datent pas d’hier.
Qu’apportent-ils aux élèves ? Dans quelle mesure peuvent-ils être les leviers d’une réforme du système scolaire et d’une réelle coéducation avec les parents ? Faut-il les généraliser ?
Le jardin à l’école, une longue histoire
Au XIXe siècle, dans une société française à grande majorité rurale, le jardinage à l’école permet d’enseigner l’arpentage, les sciences et les techniques, offrant ainsi un apprentissage de la nature par la nature. Les programmes de l’école républicaine de Jules Ferry insistent sur la création d’un jardin dans chaque école. L’horticulture, l’enseignement pratique de l’agriculture sont enseignés aux futurs professeurs dans les écoles normales, puis aux élèves de l’école primaire.
Aujourd’hui, l’apprentissage de l’autonomie alimentaire reste un enjeu éducatif dans le monde. Il vise à mettre en place des systèmes plus durables en adoptant le pacte de politique alimentaire urbaine de Milan lancé en 2015 : « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui travaille à éradiquer la faim et à promouvoir le développement agricole durable, propose une éducation au jardinage dans le cadre scolaire.
Après la bitumisation et l’artificialisation des cours de récréation dans les années 1970-2000, le mouvement actuel de végétalisation rend de nouveau possible cette activité de jardinage dans les écoles françaises.
En élaborant un jardin avec leurs élèves, les enseignants participent de ce mouvement grandissant de « la classe dehors ». Le jardin scolaire, qu’il soit potager, floral, aromatique, sensoriel ou écologique, offre aux enfants l’opportunité d’une expérience concrète de la nature et d’un apprentissage des enjeux écologiques.
L’objectif dans le cadre scolaire n’est pas nécessairement de produire et de récolter et le jardin potager est parfois complexe à mettre en place en raison des périodes estivales de cueillette. L’intérêt premier est de pouvoir observer et apprendre au rythme des saisons, de prendre en compte les aléas climatiques, de se sensibiliser à la fragilité et au respect de l’environnement végétal et de la biodiversité.
Intégrer le jardin dans les apprentissages
Agir ensemble au jardin encourage le travail d’équipe, la communication et le partage. Les élèves apprennent à coopérer, à résoudre les conflits et à prendre des décisions collectives. De plus, cultiver des plantes et observer leur croissance favorisent la patience et la persévérance.
Le jardinage à l’école offre aussi une opportunité d’apprentissages pratiques et interdisciplinaires. En observant, en semant, en cultivant et en récoltant, les élèves acquièrent des connaissances concrètes en sciences naturelles, biologie, chimie, géographie, mathématiques et littérature.
De nombreuses recherches scientifiques soulignent les bienfaits du jardin pédagogique dans les apprentissages. L’un des enjeux majeurs actuels est d’en faire une activité pour tous les élèves. Le jardin scolaire s’inscrit déjà dans cette éducation à l’alimentation et au gout et à une perspective d’éducation à l’environnement souhaitée par le ministère de l’Éducation nationale.
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Débuter un jardin pédagogique nécessite une organisation précise pour déterminer les responsabilités de chacun, les modalités d’action, le planning, ainsi que le choix adéquat de l’emplacement, des végétaux, et du calendrier de plantation. Actuellement, l’essor de la végétalisation des cours de récréation constitue un catalyseur essentiel pour la création de jardins pédagogiques. Cette tendance concerne tous les niveaux de l’éducation nationale, de la maternelle au secondaire.
Un mouvement pédagogique au-delà de l’école
Le jardin peut aussi devenir un levier pour développer une coéducation entre enseignants et parents. Ce mouvement de généralisation n’est pas seulement scolaire ; les jardins collectifs, familiaux, partagés, héritiers de jardins ouvriers se développent dans la plupart des communes.
Des associations comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) et des collectivités locales initient et soutiennent des jardins « partagés », à la fois scolaires pendant le temps d’école, et ouverts aux parents le reste du temps.
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Au-delà de la solution à la question matérielle, importante d’entretenir le jardin pendant les périodes de congé, c’est un moyen unique d’échanges et de partages autour d’activités concrètes qui font du jardin, espace de découvertes, un véritable espace commun et de la continuité éducative des enfants une réalité. Un mouvement soutenu par la Commission européenne et qui accompagne cet archipel d’initiatives qui « tendent » à l’autosuffisance alimentaire.
L’enjeu est donc majeur car le jardin à l’école représente bien plus qu’un simple espace. Il peut incarner une véritable opportunité éducative et participer à la construction d’une prise de conscience des défis environnementaux et sociaux, le jardin ne doit pas être exclusivement un espace scolaire, mais un lieu partagé avec les parents, favorisant ainsi une éducation plus cohérente.
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