Plusieurs sondages montrent que le vote lors de cette présidentielle américaine devrait extrêmement genré.
Alors qu’une grande partie des électrices se tourne vers Kamala Harris, les hommes, eux, se disent attirer par un vote Donald Trump.
Thèmes de campagne, polarisation de la société, stratégie électorale… les raisons de cet écart sont multiples.
Les hommes votent Donald Trump et les femmes Kamala Harris. Alors que la campagne présidentielle américaine entre dans sa dernière semaine , les sondages montrent que le « gender gap », l’écart entre le vote des femmes et le vote des hommes, devrait être extrêmement prononcé lors de ce scrutin. Les derniers sondages dans les différents États clés montrent ainsi que la candidate démocrate peut compter sur un soutien fort des femmes, tandis que le milliardaire républicain parvient surtout à convaincre des hommes.
En Caroline du Nord, par exemple, le sondage le plus récent réalisé par Quinnipiac University montre que 61 % des électeurs qui se disent susceptibles de voter pour Kamala Harris sont des électrices. A contrario, 60 % des électeurs susceptibles de voter pour Donald Trump sont des hommes. De même dans le Michigan ou encore dans le Wisconsin. « C’est la bataille des sexes et ce n’est pas un jeu », commente Tim Malloy, qui travaille au sein de cet institut de sondage. « On verra avec les résultats plus précis, mais on attend l’élection la plus genrée de l’histoire, c’est-à-dire avec le différentiel le plus important entre le vote des hommes et le vote des femmes », note auprès de TF1info Olivier Richomme, professeur d’histoire politique des États-Unis à l’Université Lumière Lyon 2.
Des thématiques propres aux partis
Cet écart entre le vote des hommes et le vote des femmes n’est pas nouveau aux États-Unis. Observé à partir des années 80, il n’a néanmoins pas cessé de se creuser. « Il y a de nombreux facteurs, mais en particulier, c’est que les thématiques développées par le parti démocrate semblent résonner un peu plus avec l’électorat femmes », explique Olivier Richomme. Historiquement, le parti de Kamala Harris a pris position en faveur de l’avortement, sur des questions d’éducation ou a fait campagne sur un meilleur accès à la santé. « En général, les aides sociales, qui sont la marque de fabrique du parti démocrate semblent intéresser un peu plus l’électorat féminin que l’électorat masculin », indique le spécialiste.
Pour autant, la campagne présidentielle de 2024 marque un tournant dans cette polarisation du vote. Un « gender gap » qui s’est accentué en raison de plusieurs facteurs. Le profil des candidats nourrit cette polarisation. Tandis que Kamala Harris pourrait être la première femme à faire son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump multiplie les propos sexistes et a été condamné au civil pour une agression sexuelle sur une journaliste en 1996.
L’avortement, au centre de la campagne
Cette polarisation s’explique aussi par la question de l’avortement, qui est un des enjeux de campagne . De nombreux États ont réduit drastiquement ce droit suite au renversement, en 2022, de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême. Un bouleversement, 49 ans après l’autorisation de l’avortement partout aux États-Unis, permis grâce à la nomination par Donald Trump de trois juges ultra-conservateurs au sein de la plus haute juridiction des États-Unis.
Si le candidat républicain se vante d’avoir redonné aux États la possibilité de choisir, Kamala Harris fait campagne en assurant vouloir protéger ce droit . Vendredi 25 octobre, elle était notamment au Texas, État qui possède désormais les règles les plus strictes sur l’avortement, pour défendre la possibilité que chaque femme puisse décider de poursuivre une grossesse ou non. La candidate démocrate souhaite une loi fédérale, qui reprendrait les dispositions de la décision de 1973.
La stratégie électorale de Donald Trump
Mais la polarisation de l’électorat est aussi le résultat d’un choix stratégique de la part de la campagne de Donald Trump. Parce que son équipe constate que ses discours ont du mal à atteindre les femmes, le candidat républicain a fait le choix de surtout parler aux hommes. « Trump ne cherche pas à élargir son électorat. Il a décidé de se concentrer sur le cœur de son électorat, de mettre l’accent sur les hommes, et en particulier les jeunes hommes », indique Olivier Richomme.
Plutôt que d’accorder des interviews aux médias traditionnels, Donald Trump n’a donc pas hésité à consacrer du temps de campagne à de nombreux podcasts, médias moins conventionnels, mais dont l’audience est plus susceptible de se laisser convaincre par son discours. Ce vendredi 25 octobre, le candidat républicain a ainsi accordé une interview de trois heures à l’animateur Joe Rogan, dont le podcast fait des dizaines de millions d’écoutes, et dont l’audience est majoritairement jeune et masculine.
Parier sur un électorat féminin est un meilleur calcul, a priori
Parier sur un électorat féminin est un meilleur calcul, a priori
Olivier Richomme, professeur d’histoire politique des États-Unis
Cette stratégie va-t-elle fonctionner ? Pour Olivier Richomme, c’est un pari risqué. « Traditionnellement, les hommes votent moins souvent que les femmes. Parier sur un électorat féminin est un meilleur calcul, a priori », met-il en avant. Par ailleurs, l’expert relativise la progression de Donald Trump chez certains électorats, en particulier chez les Afro-américains. Des sondages de CBS News ou encore du New York Times/Siena Polls suggéraient effectivement début octobre que si Kamala Harris pouvait compter sur la majorité des votes des hommes afro-américains, les pourcentages étaient bien plus bas que ce que son parti avait obtenu lors de précédentes élections.
« Cela devrait être à la marge. On parlerait de quelques pourcentages, ça ne sera pas grand-chose. Depuis les années 1970, l’électorat africain-américain vote pour le Parti démocrate à plus de 85 % », met en avant l’historien, tout en soulignant que toutes les populations masculines peuvent malgré tout être convaincues par les discours de Donald Trump. « Les hommes afro-américains ou latinos ne sont pas immunisés contre la tentation du machisme, de l’autoritarisme et de la xénophobie « , souligne encore le chercheur.
A contrario, Kamala Harris tente d’élargir son électorat. Elle a notamment fait campagne aux côtés de la républicaine Liz Cheney, pour attirer des femmes qui votent normalement pour le Parti républicain. Mais pour Olivier Richomme, cette polarisation de l’électorat est une nouvelle preuve de la très forte fracturation des États-Unis. « Avoir un écart aussi important qui se creuse entre les hommes et les femmes, ce n’est pas un signe de cohésion pour la société américaine », souligne le professeur d’histoire politique des États-Unis.
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