Dans le domaine de l’art moderne et contemporain on sait désormais que les prix commencent à baisser , les négociations se chiffrant globalement à 20 % de moins qu’il y a un an, exception faite de quelques noms particulièrement en vue, sujets à des effets de mode et de spéculation. Le secteur s’adapte à une nouvelle donne que les maisons de ventes devraient entériner dans les estimations de la saison prochaine, en novembre, à New York. Mais qu’en est-il du marché des maîtres anciens ?
Le secteur des « old masters » n’est quant à lui pas spéculatif. C’est pourquoi on pourrait le croire protégé des soubresauts du contexte économique et politique. Mais il n’en est rien. Aux dires d’un marchand international qui tient à rester anonyme « à l’heure actuelle, les transactions chez les marchands de tableaux anciens sont très sensiblement ralenties ». Le 13 juin se tenait à Paris chez Sotheby’s une vente de tableaux et dessins datés de 1300 à 1900. Les résultats confirment cette tendance puisque sur les 62 lots proposés, 28 n’ont pas trouv�é preneur. A peine plus de la moitié des oeuvres a été vendue.
En revanche chez Christie’s le 15 juin encore à Paris, 76 % des lots ont changé de main. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser le marché des tableaux anciens aime la nouveauté. Il a besoin d’être surpris. C’est un marché très exigeant » analyse Pierre Etienne, responsable du département à Paris chez Christie’s. Il ajoute « pour que nos ventes fonctionnent nous opérons une sélection sévère. L’état de conservation est un critère capital et nous invitons certains clients à restaurer leur peinture. Les problèmes d’attribution grèvent aussi les prix ».
Les 5 et 6 juillet à Londres passeront les tableaux les plus importants de la saison dans le monde. Le générique est prestigieux. L’oeuvre la plus attendue, présentée par Sotheby’s, est une peinture de Rubens représentant un très sensuel Saint Sébastien soigné par deux anges, estimé 4 millions de livres. Elle avait été acquise en 2008 auprès d’une maison de vente de Saint-Louis dans le Missouri, pour une somme introuvable sur les sites de cotations, avec une attribution à un artiste français apprécié pour ses paysages, Laurent de la Hire (1606-1656). La main de Rubens a été par la suite identifiée puisqu’entre 2010 et 2023 l’oeuvre était confiée à la Rubenshuis d’Anvers, ce lieu extraordinaire qui fût l’atelier du peintre Flamand.
George Gordon le président du département tableaux anciens chez Sotheby’s raconte qu’il avait remarqué cette peinture au Palais ducal Gènes où elle était exposée à l’automne 2022. « J’étais frappé par sa fraîcheur. Nous avons fait toutes les recherches scientifiques et de pedigree. Il s’agit bien d’un Rubens de la fin de sa période romaine. La seule question est de savoir s’il l’a réalisé en 1608 ou 1609 ».
Rappelons que c’est aussi Sotheby’s qui dans sa vente d’art moderne à New York, le 16 mai 2023, avait préféré proposer un autre tableau de Rubens, un portrait d’homme, qui a été adjugé 24,1 millions d’euros (contre 6,8 millions d’euros en 2002). Le propos était manifestement d’attirer une autre gamme de clientèle.
Le marché friand d’esquisses
Comme on peut le voir à Anvers à la Rubenshaus, Rubens était à la tête d’un vaste atelier de production et il arrivait qu’il ne touche que de très loin les oeuvres qu’il signait. C’est pourquoi le marché se montre particulièrement friand de ses esquisses, oeuvres spontanées qui portent inscrites en elles la verve du maître.
Justement le 6 juillet à Londres Christie’s propose une esquisse de Rubens, un « Ecce Homo », (Christ à la couronne d’épines) qui appartenait au célèbre chef d’orchestre spécialiste de la musique baroque, Nikolaus d’Harnoncourt (estimation : 600 000 livres). On peut comprendre ici la correspondance entre cette peinture et la musique dont d’Harnoncourt s’était fait le spécialiste.
L’une des stars des ventes de maîtres anciens du temps où les Russes se montraient particulièrement actifs sur ce marché, était le paysagiste spécialiste des marines, Constantinovich Aivazovsky (1817-1900). Selon la banque de données Artprice globalement les prix de l’artiste qui aimait les grands effets de lumière sur l’eau, ont diminué de 31,1 % entre 2021 et 2022.
En 2007 une de ses toiles avait atteint le prix record de 4 millions d’euros. Cependant George Gordon insiste sur le fait qu’Aivazovsky bénéficie d’un auditoire international. Le 5 juillet chez Sotheby’s, une vue de la plage de Biarritz, marquée par un ciel nuageux immense, qui appartient à un collectionneur américain, est proposée avec une estimation de 500 000 livres.
Les artistes femmes très demandées
On note aussi la présence dans le catalogue de Sotheby’s d’une totale inconnue, la Vicomtesse Iphigénie Decaux (1780-1862). « Les artistes femmes sont particulièrement demandées en ce moment » explique le patron des tableaux anciens de Sotheby’s.
Le marchand privé parisien Etienne Bréton ajoute « Cette dame de la noblesse avait pour loisirs des cours de peinture auprès du spécialiste des peintures de fleurs Pierre -Joseph Redouté. Il y a cinq ans la même oeuvre aurait été estimée 20 000 livres ».
Il s’agit de la représentation en trompe-l’oeil, de grappes de raisins, peintes sur marbre. Seulement 14 peintures de Decaux sont passées aux enchères depuis 1990 avec un prix record qui date de 1990, à 125 000 euros.
Le Greco, nom majeur
Chez Christie’s la peinture la plus impressionnante, bien qu’elle soit d’un petit format (28x19cm), est un Christ au tombeau réalisé par Le Greco. Des bleus somptueux, une composition très originale inspirée par sa période italienne… L’oeuvre faisait partie de la magistrale rétrospective du Grand Palais en 2020. Déjà en 2016 le tableau avait été vendu pour 6,1 millions de dollars. Les experts de Christie’s en attendent 6 millions de livres aujourd’hui. « Dans ce cas, le fait qu’elle ait déjà été proposée sur le marché relativement récemment, n’entame pas sa valeur, estime Pierre Etienne. Le Greco fait partie de la vingtaine de noms majeurs soutenus par une clientèle d’un haut niveau financier ».
A contrario, seuls les spécialistes ont noté la présence dans la vente du 6 juillet d’un artiste rare, Michael Sweerts, né à Bruxelles en 1618 et mort à Goa en Inde en 1664. Ce globe-trotter de l’art, au travail particulièrement détaillé, représente son atelier du temps où il réside à Rome, animé par un grand groupe de personnages dont au premier plan une couturière en clair-obscur à la Vermeer (estimation 2 millions de livres). 41 oeuvres de Sweerts ayant fait l’objet de transactions sont répertoriés sur le site Artprice depuis 1990 avec un record de prix à 3,2 millions d’euros en 1997.
Le marché de l’art ancien avec ses différentes strates et niches est un domaine à l’analyse complexe. C’est aussi pour cela qu’il attire moins d’acheteurs.
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