Des milliers d’Israéliens ont encore manifesté, jeudi soir à Tel-Aviv, leur opposition à la réforme controversée du système judiciaire après le vote d’une mesure clé par le Parlement lundi.
Les manifestants dénoncent une dérive autoritaire du gouvernement de Benjamin Netanyahu, accusé de vouloir étendre la mainmise du pouvoir politique sur la justice. En procès pour corruption depuis 2020, le Premier ministre israélien s’attire les foudres d’une large part de la société israélienne.
· Que contient la réforme ?
Annoncée début janvier, la réforme de la justice vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui comprend des partis juifs ultra-orthodoxes et d’extrême droite, estime qu’elle est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs.
La mesure votée par le Parlement lundi 24 juillet retire à la Cour suprême le droit d’invalider une décision gouvernementale en jugeant de son « caractère raisonnable ». Cette clause était surtout utilisée par la Cour suprême pour rejeter certaines nominations de l’exécutif, en cas de soupçons de conflits d’intérêt, de népotisme ou de corruption.
C’est sur le fondement de cette clause que les juges avaient invalidé en janvier la nomination au ministère de l’Intérieur et de la Santé d’Arié Déri, un allié de Benjamin Netanyahu. Patron du parti religieux Shas, cet ultra-orthodoxe condamné pour fraude fiscale risquait de nuire « à l’image et à la réputation du système judiciaire du pays », avait invoqué la Cour suprême.
La réforme comprend par ailleurs une importante modification du processus de nomination des juges, dont ceux de la Cour suprême. Ces derniers sont actuellement choisis par une commission de neuf membres composée de juges, de députés et d’avocats du barreau. Le projet de loi prévoit d’augmenter le nombre de sièges réservés aux ministres et députés, tout en retirant les avocats du comité.
· Qui sont les manifestants ? Que reprochent-ils au gouvernement ?
L’opposition à la réforme rassemble diverses couches de la société israélienne (entrepreneurs, ouvriers, professions libérales, soignants…) qui se retrouvent dans une vision plutôt laïque et libérale de la politique. De façon plus surprenante, la protestation a aussi atteint les rangs de l’armée. Plus de 10.000 réservistes ont ainsi menacé de se mettre en retrait de Tsahal, rapporte CNN.
« Les enquêtes d’opinion fouillées de l’Israel Democracy Institute montrent qu’une nette majorité de l’opinion ne souhaite pas que le gouvernement impose une réforme sans concertation avec l’opposition », souligne le correspondant du Monde à Jérusalem.
Selon ses détracteurs, le texte met en péril le caractère démocratique de l’État d’Israël en soumettant la justice aux volontés du politique. Les opposants à la réforme craignent aussi que le gouvernement, le plus à droite de l’histoire du pays, veuille faire sauter les garde-fous qui l’empêchent aujourd’hui de s’en prendre directement aux personnes LGBTQ+, aux Palestiniens et aux droits des femmes.
Les opposants considèrent aussi que la réforme pourrait aider à casser une éventuelle condamnation de Benjamin Netanyahu, jugé pour corruption dans plusieurs affaires.
· Comment se déroulent les manifestations ?
Des manifestations sans précédent durent depuis la présentation du projet de loi en janvier. Drapeau d’Israël à la main, des milliers de manifestants convergent régulièrement dans les grandes villes, particulièrement à Tel-Aviv et à Jérusalem, la capitale.
Certains rassemblements sont durement réprimés à coup de grenades assourdissantes, de canon à eau et de « skunk », un liquide pestilentiel qui imprègne la peau et les vêtements des manifestants. Selon Al-Jazeera, cette « eau de putois » jusqu’ici utilisée contre les Palestiniens peut causer des nausées, des difficultés respiratoires, des vomissements et des irritations.
Les vidéos du journaliste de Brut Remy Buisine, présent à Tel-Aviv, montrent également la police montée effectuer des charges pour repousser les manifestants.
· Comment Netanyahu gère-t-il la crise ?
Coincé entre la rue et ses alliés d’extrême droite, Benjamin Netanyahu – hospitalisé à la mi-juillet – n’a pas toujours semblé maîtriser la situation. En mars dernier, il avait limogé son ministre de la Défense Yoav Galant, critique de la réforme, déclenchant une grève générale et une nouvelle vague de manifestations. Sous pression du président Isaac Herzog, « Bibi » avait a dû mettre sur pause sa réforme.
Aujourd’hui, le dirigeant du parti de droite Likoud affiche sa volonté d’aller au bout du texte, quitte à mépriser les oppositions. Lundi, le premier volet de la réforme judiciaire a été adopté sans compromis malgré les tentatives de négociations en coulisse de Yoav Galant – rétabli à son poste deux semaines après son limogeage – et du président Herzog.
Ce jeudi, le Premier ministre israélien a minimisé la portée de la réforme, parlant à la télévision américaine d’une « correction mineure » pour remettre « le balancier au centre » entre politiques et magistrats.
« C’est décrit comme la fin de la démocratie israélienne. Je pense que c’est ridicule et tout le monde s’en rendra compte quand la poussière sera retombée », a déclaré Benjamin Netanyahu à la chaîne ABC.
Le gouvernement ne compte pas abandonner la réforme en cours de route. Le ministre de la Justice Yariv Levin, principal promoteur de la réforme, prévoit de faire adopter la modification du comité de désignation des juges à l’automne.
· La loi peut-elle être invalidée ?
Plusieurs requêtes ont été déposées devant la Cour mardi pour invalider le vote du Parlement. La Cour suprême peut décider de geler la loi et demander une audition publique avant de prendre une décision finale.
« La Knesset (le Parlement israélien) n’est pas habilitée à changer le caractère fondamental du pays, et si elle le fait, la Cour pourra même déclarer une loi fondamentale inconstitutionnelle », a expliqué auprès de l’AFP Suzy Navot, professeur de droit constitutionnel et membre de l’Institut pour la démocratie israélienne (IDI).
· Quelles sont les réactions à l’étranger ?
Les États-Unis, allié historique de Jérusalem, ont à plusieurs reprises mis en garde Benjamin Netanyahu contre un projet « source de division ». « Il est regrettable que le vote d’aujourd’hui ait eu lieu avec une majorité aussi faible », a déclaré lundi la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre, après l’adoption de la loi.
« Comme ami de longue date d’Israël, le président Biden a estimé, publiquement et en privé, que les grands changements d’une démocratie, pour durer, doivent rallier le plus large consensus possible », a-t-elle ajouté.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Volker Türk a de son côté appelé ce jeudi 27 juillet les autorités d’Israël à « tenir compte » des opposants à la réforme judiciaire qui manifestent pour « la défense de la démocratie et des libertés fondamentales ».
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO – Des milliers d’Israéliens manifestent à Tel-Aviv contre la réforme judiciaire
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