La mission Shenzhou-16, qui doit apporter une précieuse expérience à la Chine dans le domaine aérospatial, est lancée. Pékin a envoyé, mardi 30 mai, vers sa station spatiale Tiangong trois nouveaux astronautes, dont, pour la première fois, un civil.
Le trio a décollé à bord d’une fusée Longue-Marche 2F à 9 h 31 heure locale (3 h 31, heure de Paris) du centre de lancement de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest), selon des journalistes de l’AFP sur place.
Le lancement a été un « succès total » et les « astronautes sont en bonne forme », a déclaré Zou Lipeng, directeur du centre de lancement. Des dizaines d’employés du programme spatial, dont beaucoup vivent à l’année sur l’immense site spatial, ont assisté au décollage et pris des selfies avec l’imposante fusée à l’arrière-plan. Des enfants jouaient en attendant le départ de l’engin quand certains agitaient des drapeaux chinois, juchés sur les épaules de leurs parents.
Commandant de la mission, le vétéran Jing Haipeng (56 ans), dont c’est le quatrième vol spatial, est accompagné de l’ingénieur Zhu Yangzhu (36 ans) et de Gui Haichao (36 ans), professeur et premier civil chinois dans l’espace. Spécialiste des sciences et de l’ingénierie spatiale, ce dernier sera plus particulièrement chargé des expériences à bord de la station. Il n’est pas issu des forces armées comme c’était systématiquement le cas jusqu’à présent.
Leur séjour sur Tiangong (« Palais céleste ») doit durer six mois. Ils y retrouveront leurs trois collègues de la mission précédente, Shenzhou-15, qui y sont depuis déjà six mois et qui redescendront sur Terre d’ici quelques jours.
Un retard à rattraper
« Ce qu’il y a de significatif » dans cette mission, c’est justement « qu’il n’y a rien de significatif » parce que le programme habité chinois entre désormais dans un temps plus long, souligne Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux Etats-Unis.
La Chine entend désormais « accumuler de l’expérience dans les vols spatiaux habités », un objectif « important » et qui « n’implique pas de nouvelles étapes spectaculaires en permanence », relève M. McDowell auprès de l’Agence France-Presse. Il s’agit surtout pour les astronautes d’assurer des rotations d’équipages, une occupation permanente de Tiangong, des travaux de maintenance et de recherche, ainsi qu’une lente expansion des capacités de la station, explique M. McDowell. La Chine a un retard à rattraper en la matière, car elle n’a envoyé son premier humain dans l’espace qu’en 2003 − soit très longtemps après les Soviétiques et les Américains en 1961.
Tiangong, dont la construction est désormais achevée, a depuis quelques mois sa forme finale en forme de T. Semblable en taille à l’ex-station russo-soviétique Mir, elle est toutefois bien plus petite que la Station spatiale internationale (ISS). Egalement connue sous le nom de CSS (pour « Chinese Space Station » en anglais), elle doit rester en orbite terrestre au moins dix ans. Tiangong a été ravitaillée en eau potable, vêtements, nourriture et carburant courant mai, en prévision de Shenzhou-16.
Pas autorisée à participer à l’ISS
La Chine a en partie été poussée à construire sa propre station en raison du refus des Etats-Unis de l’autoriser à participer à l’ISS. Une loi américaine interdit quasiment toute collaboration entre autorités spatiales américaines et chinoises.
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Le géant asiatique a toutefois réitéré lundi sa volonté de mener des coopérations internationales autour de Tiangong, notamment pour la réalisation d’expériences.
« Je suis extrêmement impatient et désireux de voir des astronautes étrangers participer à des missions dans la station spatiale chinoise », a également dit lors d’une conférence de presse Lin Xiqiang, le porte-parole et directeur adjoint de l’Agence chinoise des vols spatiaux habités (CMSA en anglais).
A plus long terme, il a également réaffirmé la volonté du pays « de réaliser avant 2030 le premier atterrissage d’un Chinois sur la Lune » afin notamment d’y mener des « observations scientifiques ».
La Chine a déjà investi des milliards d’euros dans son programme spatial. Le pays a posé en 2019 un engin sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. En 2020, il a rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite. En 2021, Pékin a fait atterrir un petit robot sur Mars. Le géant asiatique prévoit désormais de lancer chaque année deux missions spatiales habitées, a affirmé lundi la CMSA.
La prochaine sera Shenzhou-17, qui devrait être lancée en octobre.
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